Le Sénateur-maire d’Alfortville Luc Carvounas observe dans dernière sa tribune une France paresseuse en matière de tourisme. Un fort potentiel à ce jour encore inexploité dans sa totalité le pousse à faire les déclarations suivantes : « Si l’industrie du tourisme est un fleuron économique pour la France, avec 83 millions de visiteurs en 2012, représentant 7,1% de notre PIB, un million d’emplois directs et un million d’emplois indirects, il n’en demeure pas moins que nous nous sommes pendant trop longtemps reposer sur nos acquis. Certes, la France a la capacité d’atteindre l’objectif fixé par le Président de la République : dégager le premier solde touristique de tous les pays européens.
Et c’est à juste titre qu’il nous invitait déjà – lors de la Conférence des Ambassadeurs le 27 août 2013 – à faire du tourisme « une grande cause nationale ».
L’annonce récente du Premier ministre relative à l’organisation prochaine d’Assises du Tourisme doit nous permettre de proposer des solutions concrètes aux problèmes connus par l’industrie touristique et de nombreuses fois identifiés. Ainsi, mettre en place un Observatoire Économique du Tourisme fiable, crédible et réaliste, mais aussi doter l’opérateur étatique ATOUT France de nouveaux financements, ou encore opérer un « choc de simplification » pour libérer les professionnels d’une réglementation trop contraignante seront des objectifs à relever.
Moderniser la gouvernance institutionnelle du tourisme et réaliser une réelle transformation des formations professionnelles pour les adapter aux nouveaux défis mondiaux seront aussi une nécessité.
Mais au-delà de l’ensemble de ces problèmes concrets à traiter d’urgence, nous devons réaliser une véritable révolution industrielle et culturelle auprès de nos décideurs publics pour que chacun saisisse bien la mesure de l’enjeu. Quelques chiffres pour offrir une perspective : en 1992, le monde comptait 471 millions de touristes, pour plus d’un milliard en 2012 ; en 1980, les dix premières destinations mondiales captaient 60% des flux touristiques, pendant qu’elles n’en accueillent plus que 44% aujourd’hui.
Pendant que la France s’endort sur ses lauriers, nos concurrents internationaux se préparent en toute hâte. Il en va ainsi de la Chine – première destination touristique dans dix ans – qui vient d’adopter en avril une grande loi de politique publique stratégique pour l’ensemble des acteurs concernés par le tourisme, ou encore des Etats-Unis, où le Président OBAMA a parfaitement expliqué les velléités américaines de figurer en tête du classement mondial lors du Discours d’Orlando en janvier 2012.
L’heure est donc à la mobilisation globale et générale pour la France. Nous avons d’ores et déjà beaucoup d’outils à notre disposition pour parvenir à nos objectifs.
Comme vient de le rappeler le rapport « Développer l’emploi dans les filières touristiques », remis au Gouvernement par le Président du Conseil d’administration de Pôle Emploi, François NOGUÉ, « il est apparu évident que la mobilisation pour l’emploi dans le tourisme passait davantage par la mise en perspective et « l’orchestration » rigoureuse de nombreux dispositifs existants, mais souvent peu connus, ou en cours de déploiement, que par l’invention de nouvelles mesures législatives. »
Cette révolution industrielle et culturelle est donc impérative car nous semblons trop vite oublier que ce secteur économique est un véritable levier contre le chômage. À titre d’exemple, entre 2000 et 2010, l’emploi salarié s’y est accru de 15%, et même en temps de crise, il croît encore.
Il s’agit ici d’une arme de mobilisation massive et nationale pour l’emploi qu’il nous faut davantage développer. Et ces emplois, il faut insister sur ce point, sont par nature difficilement « mécanisables » et encore moins délocalisables. Cette industrie, source de croissance, est donc bel et bien un marqueur de prestige pour notre « Made in France » à promouvoir.
Le tourisme en France ne se résume pas à Disneyland, à la Tour Eiffel et à la Côte d’azur. On peut être maires de banlieues ou de villages, partout en France, nous avons des trésors à promouvoir, des atouts territoriaux à valoriser, et pour tout dire, une certaine fierté à faire découvrir nos patrimoines et nos cultures.
Saisissons-nous donc tous sans exception de ce formidable potentiel pour relever ce beau défi industriel français du XXIème siècle. »
4 décembre 2013