Les palaces parisiens unis pour un luxe plus durable

Les palaces parisiens unis pour un luxe plus durable
©N. Foulon

Près de 150 professionnels (hôteliers, experts, partenaires et représentants institutionnels) étaient rassemblés au Ritz Paris le 23 octobre dernier pour une table-ronde portant sur les enjeux de durabilité dans l’hôtellerie de luxe. Organisé par Eco-One, société spécialisée dans l’accompagnement environnemental des hôtels, cet évènement entend nourrir la réflexion sur la transition écologique du secteur.


Les enjeux sont colossaux, à la mesure des défis environnementaux et économiques auxquels fait face l’hôtellerie de luxe. « 11% des émissions de gaz à effet de serre (GES) sont générés par le tourisme en France. 16% de ces émissions sont liées à l’hôtellerie, et environ 60% aux transports des clients », a rappelé Ludovic Poyau, président de la commission Développement durable de l’Umih, en précisant qu’un hôtel représente 833 kg de déchets par chambre et par an, 330 kWh consommés par m2 et par an et 300 litres d’eau par chambre et par jour.


Les débats ont mis en lumière les initiatives déjà engagées dans les grands hôtels parisiens. Trois axes dominent : la restauration durable, la gestion raisonnée de l’eau et la préservation du patrimoine. Les chefs des palaces privilégient désormais les circuits courts, les produits de saison et la lutte contre le gaspillage alimentaire, avec parfois une labellisation Écotable.


 


Atteindre une réduction de 40 % des émissions de GES d’ici 2030


L’objectif est également d’atteindre une réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à 1990), conformément à l’objectif national actuel. La question de l’eau, autre pilier central, mobilise innovations et technologies : récupération des eaux de pluie, sous-compteurs intelligents, détecteurs de fuites et robinets économes s’intègrent discrètement dans les chambres et les espaces bien-être. Enfin, dans des bâtiments classés comme ceux du Ritz ou du Meurice, la contrainte patrimoniale devient un moteur d’innovation : isolation adaptée, gestion énergétique fine et domotique respectueuse de l’architecture historique. « Il ne s’agit pas seulement de sobriété, mais d’optimisation et de sublimation », souligne Audrey Péguret, directrice du développement durable du Ritz Paris.


Parmi les autres initiatives, l’intervention d’une anthropologue pour mieux cerner les attentes des clients en matière de durabilité au Meurice, la distribution de fleurs aux hôpitaux ou encore la collecte de collants usagés des collaboratrices pour en recycler le nylon. « Cela permet d’avoir un impact environnemental vertueux mais surtout d’embarquer les équipes car sans eux rien n’est possible », a mis en avant Marine Deconinck, responsable RSE au Meurice. Autre opération, la réalisation d’une collection de bijoux à partir de la porcelaine de la vaisselle cassée au Ritz Paris, vendue dans les boutiques du cinq étoiles. « Nous nous sommes demandés comment rendre le durable désirable. Face au succès de notre premier projet d’upcycling, nous avons décidé de lancer une opération par an, a détaillé Audrey Péguret. La prochaine portera sur la transformation des tissus d’ameublement et des étoffes en sacs cabas uniques. Ces objets racontent l’histoire du lieu et changent le regard que nous pouvions avoir sur les déchets. L’idée est surtout de communiquer auprès de nos clients sur ces projets d’upcycling ».


 


Une approche collective


Les intervenants - parmi lesquels Émilie Deregnaucourt, responsable ESG au Plaza Athénée, Pauline Rodriguez, chargée de projets RSE au George V, Marine Deconinck - ont insisté sur la nécessité d’une collaboration entre hôteliers, partenaires et institutions. « Sur la durabilité, nous ne sommes pas sur un terrain concurrentiel, mais collectif », a résumé la responsable RSE du Meurice.


La transition ne concerne pas seulement les infrastructures. De plus en plus sensibilisés, les clients adoptent des gestes écoresponsables, comme éviter le changement quotidien des draps. « Si on embarque les clients sans culpabiliser, ils sont réceptifs », estime Alexandrine Pelat, du Royal Monceau.


Les jeunes générations, à la fois clients et salariés, placent la responsabilité sociétale au cœur de leurs attentes. Les hôtels s’adaptent en impliquant leurs collaborateurs via des comités RSE, des formations aux éco-gestes et des ateliers solidaires. Une démarche qui favorise l’engagement des collaborateurs et limite le turnover, un enjeu majeur dans le secteur hôtelier.


N. F.


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