La saison estivale plombée par la baisse des touristes étrangers

La saison estivale plombée par la baisse des touristes étrangers

Avec un recul de la fréquentation touristique de près de 6,5 % en France, l’été 2016 a été particulièrement maussade pour le secteur des industries hôtelières.La dégradation continue de l’image de la France à l’étranger a pesé sur la fréquentation touristique. Le plus problématique n’est pas tant cette baisse de fréquentation mais la diminution des dépenses des touristes sur place. Près des trois quarts des professionnels ont ressenti une baisse nette de leur chiffre d’affaires, notamment les hôteliers et les restaurateurs. On observe un retour des clientèles étrangères (Allemands, Néerlandais), mais aussi Espagnols, particulièrement dans le Sud-Ouest. La belle météo d’août/septembre profite également aux zones de montagne, et les professionnels en Rhône-Alpes font état d’une bonne fin de saison. En outre, les familles profitent des week-ends pour démultiplier les courts séjours et les excursions à la journée, permettant aux restaurateurs de rattraper en partie la saison.
 
La province s’en sort bien
La saison est loin d’avoir été catastrophique sur l’ensemble des provinces de l’Hexagone. Sur l’Atlantique et en Occitanie (Languedoc Roussillon/Midi-Pyrénées), les beaux jours des mois d’août et septembre ont vu le retour des clientèles européennes (néerlandaises, allemandes, espagnoles…) et françaises. Le Pays basque a connu également une très belle arrière-saison. Autre bémol pour les professionnels du tourisme, la Bretagne et la Normandie (le Mont-Saint-Michel ainsi que la Côte de Nacre/le site du Débarquement) ont bénéficié d’une fréquentation de la clientèle française en hausse de 9 % malgré une météo défavorable en juin et juillet.
Cependant, pour l’Île de beauté, destination préférée des Français, le bilan de la saison touristique a été dans l’ensemble plutôt contracté mais l’arrière-saison a été plébiscitée par les seniors. Enfin, certaines grandes agglomérations de province enregistrent de solides performances opérationnelles, tout particulièrement dans le haut de gamme pour celles qui en sont dotées, comme Lille (+ 17,5 % du taux d’occupation moyen dans le haut de gamme-luxe sur huit mois), Bordeaux, Lyon ou Montpellier. De même, 2016 est une belle année dans l’économique et le milieu de gamme à Nantes, Niort ou Saint-Étienne.
 
Paris et l’Île-de-France pâtissent de la désaffection des touristes étrangers
Les mois de juillet et d’août ont été catastrophiques pour les hôteliers et restaurateurs de Paris. La baisse du chiffre d’affaires hébergement des hôtels du segment milieu de gamme de la capitale a atteint 28 %. La chute se chiffre même à – 42 % pour ceux de la catégorie « luxe » et « palace ». Dans le segment des hôtels économiques (2 et 3 étoiles), les nuitées internationales ont baissé de 16 % à Paris.
Selon le Comité régional du tourisme (CRT) de Paris Île-de-France, sur la saison estivale 2016, la région enregistre ainsi « une baisse sans précédent de la fréquentation touristique depuis 2010 », - 6,4 % par rapport à la même période un an plus tôt (- 9,9 % pour la clientèle internationale, - 3,5 % pour les Français). « Au total, les hôteliers franciliens ont ainsi accueilli 1 million de touristes en moins par rapport au 1er semestre 2015 », indique le CRT. Paradoxalement, Airbnb France a enregistré une hausse de clientèle de 20 % sur la destination Paris entre mi-juin et mi-septembre et de 25 % pour l’Île-de-France (700 000 voyageurs, dont plus de 500 000 dans Paris intra-muros, pour une durée de séjour moyenne de 4 jours).
 
La Côte d’Azur fortement impactée
Les grands pôles de la Côte d’Azur (Nice, Cannes, Monaco) ont également été touchés, en particulier pour le segment « haut de gamme » et « luxe ». Après l’attentat du 14 juillet à Nice, les hôteliers de cette partie du littoral méditerranéen ont enregistré de nombreuses annulations sur la deuxième quinzaine de juillet et sur le mois d’août. Partout, la baisse combinée de la fréquentation (en premier lieu des visiteurs internationaux, individuels ou en groupe) et des prix moyens a produit un effet délétère sur les RevPar (Revenus par chambre disponible à la réservation). À titre d’exemple, le taux d’occupation moyen des hôtels de luxe s’est replié de 20,5 % pour la ville de Nice et de 29 % Cannes. Les hôtels de moyenne gamme ont également subi une baisse sensible de l’ordre de 15 % environ.
Pour répondre à cette crise sans précédent dans le secteur de l’hôtellerie, les professionnels ont réclamé au Gouvernement de mesures urgentes pour palier leurs difficultés financières. Une demande entendue avec 10 millions d’euros débloqués pour la promotion de la destination France en 2016 (lire Opens external link in new windowIndustrie Hôtelière n° 692, octobre 2016).


2016, année noire pour l’hôtellerie française, prévoit KPMG


Après une année mitigée en 2015 avec des performances contrastées entre Paris et la province, l’hôtellerie française est à un tournant, indique le cabinet KPMG. En cause, l’impact des attentats auxquels s’ajoutent les grèves, une météo défavorable et une concurrence croissante des autres formes d’hébergements. « Le marché est tellement tendu que l’on va assister à quelques faillites d’hôtels », pronostique Stéphane Botz, associé KPMG, responsable du pôle Real Estate & Hotels, en précisant qu’il devrait s’agir de banqueroute « individuelle » et non de grandes faillites collectives. Ainsi, cette tendance ne devrait pas concerner les groupes familiaux bien installés et très présents en hôtellerie. Il n’en va pas de même des investisseurs récents. « Pour ceux qui viennent de se lancer, il va être alors très compliqué de couvrir leur amortissement par le Résultat brut d’exploitation. » Une tendance qui devrait perdurer pour les 18 mois à venir du fait des éléments structurels comme le développement des autres types d’hébergements. D’autant plus que l’élection présidentielle de 2017 devrait jouer défavorablement, se traduisant par une baisse de la clientèle affaires en raison de la contraction économique trois à quatre mois avant. « Il existe un vrai impact à chaque élection. »Une baisse de CA de 10 % en 2016
Outre une baisse de la fréquentation, le prix moyen tend à diminuer en raison de la concurrence croissante. « C’est la première année que nous constatons que le prix moyen est devenu extrêmement compétitif pour tous les types d’hébergements, y compris les logements de type Airbnb, impactant ainsi le niveau de performance du secteur », ajoute Stéphane Botz, qui anticipe un repli du chiffre d’affaires en moyenne de 10 % en hôtellerie tous segments confondus pour l’année 2016. Une tendance qui devrait notamment affecter l’hôtellerie haut de gamme, déjà en baisse de 10 % à 15 % à Paris et sur la Côte d’Azur sur les sept premiers mois de l’année. « Certains palaces ont enregistré des baisses de fréquentation entre 30 et 40 % en août dernier, du jamais-vu ! » Néanmoins, le marché est en carence d’offres sur des destinations comme la Côte d’Azur et l’Île-de-France, rappelle le cabinet. Des destinations qui devraient bénéficier à terme des nombreuses infrastructures en projet. N. F.