ÉDITO

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Le bilan de cette saison estivale 2014 est en demi-teinte : baisse de 4 % du nombre de vacanciers par rapport à l’an passé. La météo maussade n’est pas seule en cause. La baisse du pouvoir d’achat  et l’argument de tarifs attractifs à l’étranger ont modifié les habitudes des touristes. Le moral des restaurateurs et des hôteliers est à la baisse tout comme leur chiffre d’affaires.
Cet été aura aussi été révélateur de l’ampleur du phénomène de la location de meublés touristiques entre particuliers. Cette forme d’hébergement de courte durée explose aujourd’hui grâce à des sites de réservation, comme Airbnb, le Bon Coin ou encore Homelidays. Sur la même période entre 2007 et 2013, la location d’appartements aux touristes a augmenté de 44 % tandis que les réservations hôtelières classiques n’ont progressé que de 4,5 %. En 2013 en France, pas moins de 350 000 voyageurs ont séjourné dans les meublés touristiques proposés grâce au seul site Airbnb.
Certains dans notre profession ont souhaité surfer sur la vague en concevant une étonnante stratégie de contournement. En Espagne le groupe hôtelier Room Mate, lance “Be Mate”, une plateforme tout nouvellement lancée sur le Web pour atteindre deux objectifs : mettre en relation des touristes et des loueurs d’appartements sélectionnés au cœur des villes et capitales où ses hôtels sont implantés afin de leur proposer des services hôteliers et une conciergerie 24h/24.
D’autres ont décidé d’être plus radicaux, comme ce collectif d’hôteliers et d’élus locaux de l’État de New-York qui s’insurge contre cette généralisation. Ils ont réalisé une vidéo des pires situations trouvées par des clients d’Airbnb (cafards, souris, punaises…) pour dénoncer les conditions de location sans aucun cadre d’hygiène et de sécurité.
On est loin de la démarche d’origine « louer sa chambre d’appoint et avoir des relations avec ses hôtes » car on assiste à une professionnalisation de l’activité dans une démarche immobilière et financière.
C’est pourquoi la profession se mobilise contre cette concurrence déloyale et pointe du doigt l’évasion fiscale des sites Internet, l’absence de déclaration des loueurs, le défaut de paiement de taxe de séjour, de TVA, d’impôts, le défaut de mise aux normes sécurité, d’incendie et d’accessibilité, d’hygiène et de santé, le défaut de responsabilité et d’assurances…  
Le GNI est à l’initiative d’un groupe de travail constitué dans le cadre de l’Hotrec* à Bruxelles avec pour objectif de faire évoluer la position de l’Europe. Le GNI est force de propositions pour obtenir des États membres qu’ils encadrent de façon harmonisée ces meublés touristiques.
L’économie du partage est devenue une tendance de société et les services sur Internet sont toujours plus variés. On se fait conduire par un particulier ou on loue sa voiture, on se déplace en co-voiturage, on joue les guides amateurs auprès de touristes, on reçoit et réalise un dîner à son domicile…
D’un côté, la nouvelle économie collaborative prospère sans aucun cadre réglementaire, de l’autre nos professions s’asphyxient et meurent dans un état de servitude aux règles, aux normes et aux taxes.
Et la charge continue ces dernières semaines avec de nouveaux tirs en rafales : après les smileys, la taxe de séjour, voici poindre un projet de déréglementation concernant la délivrance des licences IV et ainsi libéraliser la vente d’alcool. On marche sur la tête !


Le succès de la consommation collaborative est construit sur la confiance entre inconnus. Quel paradoxe ! Car pour nous cafetiers, restaurateurs et hôteliers, c’est un pacte de confiance que nous proposons :



  • de confiance et de fidélité à nos clients et à notre personnel pour valoriser nos métiers ;

  • de confiance des professionnels accordée à la CPIH-GNI, en tant que force de propositions pour simplifier le canevas administratif et fiscal et permettre de fortifier leur marges pour investir et embaucher ;

  • enfin de confiance des pouvoirs publics à notre secteur pour libérer le potentiel de création d’emplois et de richesse que nous représentons.  


Ce qui manque précisément à notre société pour aller de l’avant, c’est la confiance en elle-même. * L’HOTREC représente les HCR au niveau européen. Ce secteur compte 1,8 million d’entreprises et l’ensemble des activités touristiques constituent le 3e plus gros secteur en Europe. L’HOTREC rassemble 42 associations nationales représentant les intérêts des HCR dans 27 pays européens.