
Pour les industries hôtelières, la saison estivale 2014 se termine sur un bilan très mitigé suivant les régions. La dégradation des conditions météorologiques par rapport à l’an passé, la crise économique qui plombe depuis plusieurs mois le secteur des industries hôtelières, tout comme le budget serré des vacanciers, apparaissent comme les principaux facteurs ayant eu un impact négatif sur la fréquentation touristique. Ainsi, la saison estivale 2014 aura de nouveau un goût amer pour les professionnels du tourisme (un manque à gagner estimé à plus de 800 millions d’euros selon le cabinet Protourisme). Malgré la baisse du nombre de vacanciers (- 4 % par rapport à l’année dernière), la saison a pourtant bien démarré en mai et juin mais s’est rapidement gâtée pour les mois de juillet et août. Si septembre laisse pointer « un relatif optimisme », en tout état de cause, il ne permettra pas de compenser le déficit estival.La Bretagne s’en sort bien
La région Bretagne a bénéficié d’une fréquentation touristique en légère hausse par rapport à 2013 grâce au maintien d’un climat favorable pendant toute la saison estivale.
Selon le comité régional du tourisme de Bretagne (CRT) les nuitées y sont en hausse pour l’été, notamment dans l’hôtellerie de plein-air et les meublés « Clévacances ». Malgré cette bonne nouvelle, les dépenses des touristes y sont en revanche en baisse et les restaurateurs subissent les nouvelles habitudes de consommation qui évoluent défavorablement (diminution du ticket moyen).
Autre constat, les hôteliers du littoral de la Manche (Côtes d’Armor) et de l’Atlantique (golfe du Morbihan) qui ont subi un fléchissement de leur activité, se plaignent de la prolifération des chambres d’hôtes et des gîtes. Sur cette problématique soulevée par les professionnels de l’hôtellerie, le CRT de Bretagne reconnaît que les visiteurs demandent fréquemment des hébergements de ce type et bien souvent pour une seule ou deux nuits. « Les touristes sont de plus en plus mobiles et adeptes de la réservation de dernière minute » soulignent les offices du tourisme des Côtes-d’Armor.
La Normandie, un bilan touristique satisfaisant
Les effets des commémorations liées au 70e anniversaire du Débarquement et de la Bataille de Normandie, le site du Mont Saint-Michel ainsi que les Jeux équestres mondiaux ont favorisé l’activité touristique de juin à août en Basse-Normandie, malgré les mauvaises conditions météorologiques. Les professionnels du tourisme haut-normands sont plus mitigés concernant le bilan touristique notamment pour le mois de juillet, plus frileux.
Globalement, le CRT de Normandie et les professionnels du tourisme s’accordent à dire que la fréquentation du mois d’août a été meilleure qu’au mois d’août 2013.
Pas un bon millésime pour la Corse
En Corse, on note une baisse de chiffre d’affaires de - 10 % dans l’hébergement et de - 20 % dans la restauration. Après un mois de mai satisfaisant grâce à la clientèle étrangère, les mois de juin et juillet ont été catastrophiques et août a été particulièrement mauvais, en raison du conflit à la SNCM et de la désaffection de la clientèle française. Cependant, septembre est plutôt bon, grâce au retour des étrangers qui profitent d’un bon niveau d’ensoleillement.
La montagne a souffert
Pour le CRT Rhône-Alpes, la fréquentation touristique est en forte baisse dans les stations de montagne. « La dégradation des conditions météorologiques par rapport à l’an passé et la réduction du pouvoir d’achat ont eu un impact négatif sur la fréquentation touristique dans notre région » précise la Fagiht. Avec plus de 25 jours de pluie sur les départements des Alpes du Nord en juillet et début août, 76 % des professionnels jugent cette période inférieure à 2013 et s’attendent à une baisse de l’ordre de - 15 % à - 25 % selon le secteur d’activité.
Pour les Pyrénées, le comité régional du Midi-Pyrénées évoque une baisse en juillet, puis un « rééquilibrage » en août, avec une clientèle étrangère en hausse qui ne compense pas la baisse des Français.
Concernant l’Auvergne, Jean-François Jobert, président du CRT, considère que « malgré une météo capricieuse, le bilan touristique est moins catastrophique en août qu’en juillet ». Mais le taux de satisfaction des professionnels du tourisme est nettement inférieur à celui de l’été 2013.
En Alsace, les hôteliers-restaurateurs ont subi de plein fouet une météo frileuse en juillet, mais pour les mois août-septembre, les professionnels semblent avoir tiré leur épingle du jeu. Selon le CRT d’Alsace, la fréquentation est en hausse de 6 % par rapport à l’an passé grâce aux visiteurs étrangers.
Une saison contractée pour le littoral atlantique
Selon le CRT de l’Aquitaine, l’été a été difficile avec une avant-saison stable et une haute-saison en recul.
Seulement 50 % des professionnels du littoral Atlantique sont satisfaits de la fréquentation touristique de la haute saison estivale, contre 71 % l’an dernier à la même époque. Dans l’intérieur de la région (Dordogne-Périgord, Pays basque-Béarn), le nombre de touristes s’est au mieux maintenu.
Pour la région Poitou-Charentes, 65 % des professionnels du tourisme estiment que la saison estivale 2014 est restée stable par rapport à 2013 et ce malgré le contexte économique difficile et une météo maussade. Par contre, le niveau de consommation des touristes en restauration est en nette baisse (nette désaffection pour le repas du midi).
Bilan mitigé en Languedoc-Roussillon
Impact de la crise, météo instable en juillet, grève des intermittents du spectacle à Montpellier (Printemps des Comédiens), le Languedoc-Roussillon en finit avec une saison « morose », d’après Sud de France Développement.
Pour la saison estivale 2014, 61 % des 2 500 professionnels interrogés par Sud de France Développement déclarent une baisse de leur activité, contre 19 % seulement observant une hausse.
Philippe Etourneau, président régional du Synhorcat, évoque une saison « très difficile avec une fréquentation en recul d’environ 30 % par rapport à la même période l’an passé ». Dans la restauration, les clients consomment avec parcimonie et le chiffre d’affaires est en berne. Autre grief, les hôteliers sont concurrencés par la prolifération anarchique des locations de meublés (l’offre sur Airbnb a augmenté de + de 253 % sur Montpellier, + 120 % sur le littoral, + 100 % sur Nîmes ou Carcassonne par rapport à 2013).
Une saison en demi-teinte pour la PACA
Moins nombreuse, la clientèle française a cédé la place aux touristes étrangers et la fréquentation du littoral azuréen, tout en se maintenant à un bon niveau, est jugée en recul selon le comité régional de tourisme Riviera Côte-d’Azur.
Un mois de juillet mitigé où tous les modes d’hébergements ont accusé un déficit de réservations de - 3 à - 7 %. Un mois d’août relativement bon « qui toutefois, ne compensera pas le recul du mois de juillet », comme l’indique Pierre Meffre, président du CRT Provence-Alpes-Côte d’Azur. Pour lui, ce sont les hébergements et les réseaux qui ont investi et innové, qui résistent le mieux à la baisse de fréquentation.
Selon un bilan dressé par le CRT PACA, 72 % des professionnels qualifient positivement la saison de juin à septembre, contre 80 % l’an passé.
Paris est resté stable
À Paris et en Île-de-France, la fréquentation est restée stable en juillet-août, mais marque un léger repli au premier semestre par rapport à 2013 selon le comité régional du tourisme Paris Île-de-France (CRT) et l’Office du tourisme et des congrès de Paris (OTCP).
L’activité touristique du mois de juillet dans la capitale et la région est qualifiée de « bonne » par 53 % des 300 professionnels franciliens du tourisme interrogés chaque mois par le CRT, de « moyenne » par 39 %, seuls 8 % l’estimant « mauvaise », voire « très mauvaise », écrivent les deux organismes dans un communiqué commun.
Au mois d’août, la fréquentation touristique sur cette zone est plus mitigée : elle est jugée « moyenne » par 42 % des professionnels interrogés, « bonne » par 41 % et « mauvaise » par 17 %. Ces résultats sont cependant supérieurs à ceux enregistrés ces dernières années, précisent le CRT et l’OTCP.