« Les organisations patronales doivent imposer un nouveau modèle »

« Les organisations patronales doivent imposer un nouveau modèle »

Le GNI, Groupement national des indépendants, doit bientôt voter ses statuts afin de permettre aux indépendants issus de la CPIH, du Synhorcat et de la Fagiht de parler d’une seule voix. Quels sont actuellement les enjeux prioritaires pour la profession ?
Les métiers de l’hôtellerie et de la restauration sont actuellement face à une situation extrêmement dangereuse. Les OTAs et portails de réservation par Internet ont totalement pris la main sur les prix. Les professionnels indépendants ont perdu leurs marges, tout en discréditant leurs prix et en dévalorisant leurs fonds de commerce. Dans un contexte de crise, les sites font leurs recettes en faisant baisser les prix de 20 à 50 %, tout en prenant des commissions démesurées. Les marges s’évaporent au profit des OTAs. Et les organismes, tels que les comités de tourisme, chargés de promouvoir nos entreprises ne bougent pas face à cette situation. Certains comités font même le jeu des sites de réservations ! C’est donc aux organisations professionnelles telles que le GNI de réorienter l’utilité de ces comités, en imposant leurs règles.Comment convaincre les professionnels d’adhérer au GNI ?
Quand on voit le marasme politique qui a abouti à l’explosion gouvernementale, il n’y a qu’une solution : les organisations professionnelles doivent se situer en amont du politique ! Le GNI doit devenir une véritable force de proposition. Pour cela il faut des adhérents convaincus. Ce qui implique une vision et des idées compréhensibles et claires. Les professionnels, s’il voient que l’on fait bouger les choses en leur faveur, adhéreront au GNI, car c’est la seule organisation patronale qui s’occupe réellement de leurs intérêts, sans être phagocytée par les grands groupes et les financiers.
Comment faire fonctionner ce groupement sans que cela devienne une machine à gaz ?
Il y a trois organisations historiques à l’origine du GNI, donc trois co-présidents amenant chacun leur expérience. Ces organisations doivent se mettre d’accord pour créer une structure forte regroupant tout le monde. Il faut accepter que le GNI soit la locomotive, et les 3 organisations, sans perdre leur identité en seront le carburant. À terme, le GNI absorbera ces structures qui doivent mettre tous leurs moyens en commun. Dans ce monde d’indépendants, il y a forcément des chapelles, de fortes personnalités, mais la gravité de la situation doit nous inciter à gommer les egos, en mettant en avant le meilleur de chacun.
Comment le GNI sera-t-il organisé ?
Avant l’échéance 2017, avec la loi sur la représentativité, le GNI devra être un mouvement reconnu. Sur les 3 présidents, l’un d’entre eux sera élu pour être le porte-voix de tous au plan national et parallèlement un mouvement de décentralisation créera 6 grandes régions au moins. L’objectif restera toujours d’additionner toutes les qualités de chacun. Nous devons rompre avec les baronnies dont le pouvoir est détenu par des personnes en recherche de notabilité au détriment des vraies fonctions syndicales. Ce fléau, qui mine la représentation professionnelle dans notre pays, doit être combattu pour permettre l’émergence de personnalités, expérimentées ou pas, capables de contribuer à un nouveau modèle. Cela passe par la nécessité de convaincre nos confrères d’adhérer au GNI afin de redonner du sens au pouvoir exercé par leurs représentants. Le GNI se doit d’être exemplaire dans l’organisation de sa gouvernance et devenir rapidement un exemple pour tous.
Le GNI semble vraiment avoir l’intention de bouleverser les systèmes en place, est-ce réaliste ?
Il faudra être une force de proposition cohérente face aux pouvoirs publics. Nous avons un énorme potentiel : nos métiers peuvent créer beaucoup d’emplois, mais la France est mauvaise sur l’exploitation de sa position de première place touristique mondiale. Les Assises du Tourisme ont été un coup d’épée dans l’eau. Le GNI peut proposer une remise à plat de la politique touristique, en collaborant avec les autres secteurs du tourisme. Il faut prendre la main sur les comités de tourisme qui n’ont plus aucun lien avec nous. Nous allons imposer des changements.
Quels modèles pensez-vous pouvoir imposer aux pouvoirs politiques ?
Avec notre potentiel de créateurs d’emplois, nous avons un véritable pouvoir. Nous pouvons proposer des solutions qu’aucun homme politique n’oserait : en France, les chômeurs et emplois précaires sont 5 millions, auxquels il faut ajouter 2 millions d’employés de la fonction publique en surcharge, qui ne sont que des chômeurs maquillés. Nos entreprises pourraient recruter massivement en négociant une réduction de charges de 60 %. Plutôt que de donner 50 % à l’État, cette masse salariale pourrait être réorientée par nos entreprises pour embaucher. Ce serait un vrai contrat d’avenir, où le patron d’un établissement ayant 10 employés s’engagerait, contre réduction de charge à employer 2 chômeurs et un fonctionnaire en surcharge. C’est ce type de changement que les citoyens attendent, mais quel homme politique oserait ? Les organisations patronales peuvent le faire ! C’est notre objectif, et pour cela, il faut que le GNI existe avec des statuts forts et cohérents.