Les bars-restaurants à thème ne s'installent pas que dans la capitale, comme le prouve l'expérience du Mezzanine K.fé, qui a ouvert ses portes à la fin novembre 2006 à Sainte-Marie sur l'île de la Réunion. L'établissement est situé juste à côté du Multiplex Cinépalmes (10 salles géantes), dans une zone en plein devenir, puisque l'arrivée d'un Courtepaille et d'un Leroy Merlin est également programmée.
Avec son décor tendance, ses 520 m2 et ses 300 places assises, le Mezzanine K.fé s'est tout de suite imposé. Le chef Bernard Philippe a été appelé pour rehausser la carte et lui donner de la couleur. Aujourd'hui âgé de 41 ans, Bernard Philippe est né à la Réunion. «J'ai toujours voulu faire l'école hôtelière, mais mes parents souhaitaient que je passe le bac et que je m'engage dans une formation classique. Alors, j'ai suivi leurs conseils, mais lorsque je suis revenu en métropole et que j'ai commencé à faire des extras, j'ai compris que c'était vraiment ce que je voulais faire. Après l'école de Talence, j'ai enchaîné les grandes maisons : Joël Robuchon, Alain Ducasse, André Daguin, Bernard Loiseau... Durant cette période, j'ai aussi accompagné des grands chefs à l'étranger. J'ai notamment fait l'ouverture du Taillevent au Japon avec Robuchon.» Puis, en 1991, Bernard Philippe décide de revenir au pays. «J'ai acheté un restaurant avec mon beau-père sur le Tampon et j'ai commencé à faire une cuisine métissée en mélangeant ce que j'avais appris et les produits de la Réunion.» D'où le nom de l'établissement : le Métissé. Une voie que le chef approfondira ensuite dans deux autres établissements de Saint-Denis. «Nous proposons de la cuisine fusion, mais quelque part à la Réunion, nous en avons toujours fait, parce que notre cuisine est elle-même née de tout un mélange de traditions culinaires.» Un parcours qui ne l'empêche pas de renouer avec d'anciennes amitiés. «Entre-temps, j'ai fait l'ouverture du Spoon d'Alain Ducasse à l'île Maurice et je participe aujourd'hui à des échanges culinaires avec l'île Maurice, l'Afrique du Sud...» Bernard Philippe réalise également des émissions culinaires à la radio le vendredi et le samedi sur RFO. Une occasion de promouvoir la cuisine réunionnaise. «Nous avons, par exemple, beaucoup de légumes à la Réunion qui ne sont pas exploités, parce qu'il n'y a pas de demande. A partir du moment, où les consommateurs les réclameront, la production suivra.» Bernard Philippe intervient aussi avec Pascal Goyard, Président du Club de la Restauration, dans des écoles. «Nous avons un taux d'obésité infantile très important à la Réunion, parce que les enfants ont perdu l'habitude de manger des légumes, et c'est tout ce patrimoine culinaire que nous voulons faire revivre», précise Pascal Goyard. Compte tenu de son parcours, Bernard Philippe rêve bien sûr de lancer son gastro. «Ce qui est difficile à la Réunion, c'est d'avoir de bons produits, parce que les fournisseurs ne jouent pas vraiment le jeu. Pour faire un restaurant étoilé, il faut disposer d'un approvisionnement régulier. Si nous résolvons ce problème, je pense qu'il y a la place pour un établissement haut de gamme sur l'île, parce que nous avons la clientèle. De plus en plus de Réunionnais voyagent et, au travers de ces voyages, ils se sont forgés une culture culinaire. Nous avons beaucoup de chefs qui travaillent très bien à la Réunion et nous aurions besoin qu'un grand Guide comme le Michelin se donne la peine de recenser les meilleurs d'entre eux.» L'appel est lancé. De fait, la Réunion est un département français, qui mériterait bien quelques pages au Michelin.