Studios Equip’Hotel Avant-garde, fantaisie et fonctionnalité

Libertinage suggeré dans la chambre de Laurent Moreau.

Enchanter le réel. Tel est le thème principal des Studios Equip'Hotel 2003. Designers et architectes ont travaillé sur des concepts susceptibles de provoquer des émotions, de parler à l'affect.

Ces Studios ont été réalisés selon une «ETIC» très significative : E pour exposant, partenaire essentiel ; T pour talent, celui des architectes choisis «pour ce qu'ils font mais aussi pour ce qu'ils sont» ; I pour innovation et information, l'un des slogans des Studios pourrait être «si c'est nouveau, c'est au Studio» ; C pour convivialité, l'accueil et la discussion sont privilégiés.

Cette année Equip'Hotel accueille pour la première fois un Studio Arts de la Table sur un espace de 80 m2. Léonie Cornelissen de l'agence LCHT a la lourde tâche d'essuyer les plâtres. Elle a choisi de «créer un parcours sensoriel qui se déroulera le long du ruban», structure de base du Studio, «représentant la dynamique des mouvements de concentration et d'extériorisation (retour aux sources/ faim de nouveauté)». La mise en scène de ce Studio sera basée sur les deux pôles, apparemment opposés mais complémentaires, sur lesquels nous exprimons nos envies : le pôle artisanal et le pôle contemporain. Le visiteur traversera quatre univers - l'ergonomie variable, les empreintes de la nature, les influences et les couleurs et effets.

Côté Studio Décoration, les architectes et designers bénéficient d'un espace revu à la hausse. 600 m2 ont été mis à leur disposition. Pour l'habiter ils ont conçu quatre modules : un bar, un restaurant et une suite, un restaurant et une chambre, un hall d'hôtel et une chambre.

Le studio a été conçu comme une affiche gigantesque d'une hauteur de 9 mètres, visible de l'entrée distante de 200 mètres. Il s'ouvre sur un parvis abritant le bar créé par Marion Bottier de la société La Bulle, conseillée par Chris Messinanou de Barmen Agency. «Cette échelle monumentale est propice aux transitions vers des lieux plus calmes à une échelle plus "normale"», explique Marion Bottier, qui ajoute, «quand on s'extirpe de chez soi, on veut être étonné». Et le public le sera sûrement par cette structure innovante qui intègre de nouvelles valeurs et de nouvelles tendances. La consommation d'alcool est en baisse en France et La Bulle en a tenu compte sans tomber dans la démagogie. L'espace pour les cocktails traditionnels existe ; il est complété par une pyramide de cafés et une Le bar a été conçu pour attirer et étonner.belle présentation de fruits et légumes frais destinés à la confection de boissons sans alcool. Pour une question de tendance et de praticité, une cabine de DJ a été prévue au-dessus du bar et le barman pourra mettre en valeur ses produits, animer ses ventes, sans jamais tourner le dos aux clients.

Attirés par ce bar novateur, les visiteurs devraient se diriger vers les trois autres unités. Celle conçue par Jean-Philippe Nuel d'abord : le restaurant Anja et la suite Lou. Ces deux «pièces» ont été créées pour un hôtel imaginaire, urbain et balnéaire. Elles se déclinent sur un camaïeu de blanc. Un travail important sera effectué sur la lumière. Le restaurant jouera sur un décalage entre l'aspect épuré du mobilier et la sophistication des ornements (tapisserie et cristal). Pour la chambre, Jean-Philippe Nuel a choisi de miser sur la déstructuration et d'exposer le luxe de matériaux mats, tout sauf clinquants - pierres, bois, tissus.

Autre unité, autre style, celui de Nicolas Adnet de Marc Hertrich & Co. Il s'est inspiré des faces cachées de «grands esthètes fous» que sont Louis II de Bavière, Pierre Lotti et De Desseintes, personnage du roman A Rebours de Huysmans. Il a conçu son restaurant comme un lieu «éblouissant» avec des canapés qui deviennent «torchères folles» et utilise avec plaisir le savoir-faire des artisans : brodeurs, laqueurs, ébénistes, etc... Nicolas Adnet prouve qu'il n'est pas antinomique d'être moderne et exubérant en ces temps où le minimalisme fait loi. Quant à la chambre, elle vous fait entrer dans une ambiance monacale. Ici, les éléments naturels sont métallisés, la lumière peut passer de reposante à excitante, à vous de choisir...

Laurent Moreau, lui, a fait le pari de transporter les visiteurs dans «le Paris libertin du XXIe siècle». Son hall d'hôtel et sa chambre sont inséparables. Sa réalisation démontrera la polyvalence des espaces. Le hall regroupera les fonctions d'accueil, de restauration et de bar, sans les confondre. Les séparations subtiles, en quinconces, sont adaptées aux espaces souvent réduits des hôtels indépendants. La chambre, quant à elle, a un côté frivole qui invite au libertinage : cheminée, salle de bain ouverte, glaces sans tain. Les matériaux y sont détournés. La fausse fourrure devient rideau, les fauteuils Louis XVI sont recouverts de croco, etc.

Il faudra attendre le 28 septembre pour découvrir ces créations. En attendant, rien n'empêche le rêve...