
« C’est incompréhensible ! »
Je suis chef d’entreprise d’un hôtel-restaurant, j’ai 12 salariés, j’ai choisi de mieux payer mes salariés, de travailler avec des produits frais, d’assurer la qualité des prestations dans la transparence.
En 2009, la baisse de la TVA de la restauration à 5.5 % n’a pas réglé pour autant nos problèmes structurels. L’augmentation à 7 % puis à 10 % à un moment où la conjoncture économique est toujours fébrile, c’est totalement déraisonnable. Pour l’hôtellerie, c’est quasiment le double, qui a longtemps été assujettie au taux réduit à 5,5 %.
Demain, nous serons de nouveau sérieusement impactés par cette hausse de TVA qui aura des conséquences financières sur l’entreprise notamment au niveau de nos marges. En créant de la pression fiscale pour les petites entreprises, on restreint l’économie et on ne crée pas de dynamique. Pour éviter le licenciement dans mon entreprise et garder mes marges, je suis donc amené à répercuter cette hausse en augmentant modérément les prix sur mes menus de l’ordre de 5 % et sur les chambres de l’ordre de 7 %. La hausse de la TVA aura également des répercussions sur les investissements. Les syndicats sont pourtant montés au créneau pour dénoncer une décision contre productive qui va sacrifier un nombre important d’emplois dans notre secteur. Cela n’a pas suffit et notre ministre, Sylvia Pinel, est restée impassible en laissant croire qu’elle est à notre écoute ! C’est incompréhensible.Dominique, hôtelier-restaurateur à Paris
« Il faut rester attractif sans être trop cher »
Malgré l’augmentation constante des matières premières et des 3 points de hausse de TVA, notre dilemme est soit de maintenir les prix des plats en l’état sans aggraver notre situation financière, soit de les répercuter en augmentant les prix des menus dans la limite du raisonnable.
Dans la conjoncture économique dans laquelle nous sommes, si on augmente trop nos prix, on sait très bien que les consommateurs ne pourront pas payer et on perdra en fréquentation. C’est là tout notre souci ! Notre marge de manœuvre est de plus en plus réduite.
Depuis la crise, les clients ont un pouvoir d’achat qui diminue chaque année et notre chiffre d’affaires a reculé cette année de près de 6 % ; recul dû principalement à la baisse de la fréquentation des touristes cet été.
Après une année difficile, je crains que l’année qui commence s’annonce très préoccupante avec cette pression fiscale qui risque de perdurer encore dans le temps.Philippe, restaurateur à Saint-Jean-de-Luz
« On méprise notre métier »
Nous vivons une période difficile dans une ambiance morose sur fond de crise économique persistante et les mesures annoncées n’incitent pas à la confiance des entreprises.
Depuis que Sarkozy nous a fait bénéficier du taux réduit pour notre profession, on est toujours stigmatisés comme des profiteurs d’un cadeau fiscal.
Et pourtant, en respectant le contrat d’avenir signé avec l’État, on a investi, créé des emplois, augmenté les salaires et institué une prime annuelle TVA.
Malgré tous ces efforts financiers non négligeables depuis 2009, le gouvernement montre son mépris envers notre profession en augmentant la TVA pour la deuxième fois, sans se préoccuper de la baisse constante de nos marges. Et si l’on rajoute la refiscalisation des heures supplémentaires, la pression fiscale, l’augmentation constante des charges patronales, c’est totalement inacceptable !
Pour anticiper les réactions éventuelles des clients, j’ai annoncé une augmentation progressive des prix de nos menus et cartes. On n’a pas le choix même si les consommateurs limitent leur budget.
Face à l’autisme d’un pouvoir qui ne voit pas le ras-le-bol monter, il va y avoir de graves répercussions dans notre métier et j appréhende 2014.
Serge, restaurateur à Lyon
« Trop, c’est trop ! »
J’exploite depuis plus de 25 ans dans les Cévennes, un restaurant ouvert toute l’année.
Pour la restauration, le taux normal qui est resté pendant plusieurs années, est passé au taux réduit en 2009 avec la mise en place du « contrat d’avenir » puis en 2012 le taux est remonté à 7 %. Aujourd’hui, c’est 10 % et peut-être dans les prochains mois 12 ou 20 %. Qui sait !
Trop, c’est trop et cette nouvelle augmentation de la TVA va avoir d’énormes conséquences dans la restauration. Pour moi le « contrat d’avenir » est enterré une fois pour toute.
Pour garder mes marges et réduire les frais d’exploitation, j’ai donc décidé d’ouvrir le restaurant uniquement de Pâques à la Toussaint en espérant maintenir mon effectif sous le nouveau statut de salarié saisonnier.
C’est la seule solution pour assurer la pérennité de mon entreprise d’autant que j’ai constaté depuis plusieurs mois que la fréquentation a sérieusement baissé en période creuse.
Cette hausse de TVA sera sans aucun doute préjudiciable à notre profession qui est déjà plombée et aux consommateurs qui en paieront le prix. Dans tout ça, c’est l’emploi et l’investissement qui risquent de trinquer sérieusement.
Jean-Pierre, restaurateur en Lozère
« On nous met le couteau sous la gorge ! »
Cette nouvelle hausse de la TVA m’a obligé à faire un choix entre deux stratégies, soit réduire mes marges sans augmenter mes prix, soit de la répercuter sur les prix des menus avec un risque de voir une baisse de fréquentation donc du chiffre d’affaires.
Aujourd’hui, le ticket moyen est en baisse et on ne peut plus se permettre de réduire nos marges. Cette hausse de la TVA sera répercutée sur le prix des marchandises et donc sur celui de nos plats. On ne peut pas faire autrement mais on sait qu’on risque d’être perdants !
Après ça, comment expliquer à nos clients que ce n’est pas de l’argent qui va dans nos poches, s’insurge le restaurateur qui ne souhaite pas dévoiler son identité.
Comme on refuse de nous écouter, ce sera un gel des embauches et des investissements. On va encourager le travail au noir et c’est un tsunami social qui se prépare, fulmine le restaurateur très remonté.
Cette hausse de TVA met en péril la restauration qui souffre durement depuis la crise et en prime, le gouvernement nous met le couteau sous la gorge ! conclut-il.
Un restaurateur sétois
Enquête
Les hôteliers vont augmenter leurs tarifs après la hausse de la TVA
Selon une récente enquête réalisée par Olakala pour Hospitallity ON, il ressort que 89 % des hôteliers français ont l’intention de répercuter en début d’année 2014, la hausse annoncée de TVA sur leurs tarifs de vente TTC.
Au total, 89% des professionnels d’une industrie hôtelière interrogés ont l’intention d’augmenter leurs tarifs hôteliers de l’année 2014 pour absorber au moins partiellement la hausse de la TVA.
Plus de la moitié des répondants comptent même répercuter entièrement ce relèvement fiscal sur les prix des chambres, alors que 19 % parlent d’un impact important et 18 % d’un léger impact. Seuls 11 % des professionnels disent ne pas prévoir d’évolution des tarifs à la suite de la hausse de la TVA. Les intentions sont comparables dans les différents segments, du super-économique au haut de gamme.
En ce qui concerne les emplacements des établissements, la tendance se confirme pour l’ensemble des hôteliers interrogés, avec néanmoins quelques variations. 56 % des établissements du littoral comptent répercuter entièrement la hausse de TVA sur leurs tarifs TTC, contre 52 % des hôtels urbains et ruraux, et 44 % des hôtels montagnards.
http://hospitality-on.com/actualites/2013/12/30/tva-les-hoteliers-vont-augmenter-leurs-tarifs/