Les organisations professionnelles dénoncent les engagements de Booking.com

Les organisations professionnelles dénoncent les engagements de Booking.com

Les organisations professionnelles ont vivement réagi suite à la proposition d’engagements de Booking.com, d’abandonner la clause de parité tarifaire. Le GNI qualifie cette annonce de mascarade et de tromperie « envers les consommateurs et les hôteliers ». Quant à l’Umih et au GNC, ils dénoncent des interprétations prématurées tirées de ces engagements. Le géant des réservations en ligne Booking.com annonçait avoir renoncé à imposer ses conditions dans les relations entre l’hôtelier et des plates-formes tierces pour éviter une condamnation de la justice française.
L’autorité de la concurrence française a confirmé aux organisations professionnelles hôtelières à travers un communiqué, avoir obtenu de Booking le retrait de sa clause de parité tarifaire qui était « de nature à réduire la concurrence entre Booking.com et les plates-formes concurrentes ».
Pour Bruno Lasserre, le président de l’Autorité de la concurrence, « les hôteliers pourront désormais mettre Booking.com en concurrence avec les autres plates-formes [gage] d’une baisse future du montant des commissions ».
Concrètement, l’hôtelier continuera à devoir appliquer la parité tarifaire avec Booking pour les chambres qu’il vend directement, mais il redeviendra libre de négocier ses tarifs comme il l’entend avec d’autres plates-formes de réservation en ligne.
Aujourd’hui, la quasi-totalité de la clientèle hôtelière (93 %) utilise la Toile pour rechercher un hôtel. Les trois principales plates-formes de réservation hôtelière sont Booking.com, Expedia et HRS. En Europe, les plates-formes représentent environ 70 % des réservations d’hôtels faites en ligne, les 30 % restant étant effectuées directement sur les sites des hôtels.Réaction de l’Umih
L’Umih et le GNC prennent acte des propositions d’engagements de Booking.com auprès de l’Autorité de la concurrence qui font suite à leur plainte déposée par les deux organisations professionnelles en date du 2 juillet 2013.
L’Umih et le GNC restent particulièrement vigilants sur les propositions faites par Booking.com et prendront le temps de les analyser sous leurs divers aspects dans le cadre de la consultation lancée par l’Autorité de la concurrence jusqu’au 31 janvier 2015.
Les deux organisations patronales sont surprises des interprétations prématurées tirées de ces engagements, qui à ce stade ne sont que des propositions. « En saisissant l’Autorité de la concurrence, nous avons mis dos au mur les plates-formes de réservation qui ont été contraintes de faire des propositions. Pour autant, nous devons prendre le temps de les analyser sous les angles juridique, économique et commercial afin de nous assurer qu’elles répondent à la mise en place d’un cadre contractuel rénové, permettant de rétablir les conditions d’une relation basée sur la confiance entre hôtels et plates-formes de réservation dans l’intérêt du consommateur », indique Roland Heguy, président confédéral de l’Umih.Une législation insuffisante, selon l’Umih
En France, la législation actuellement applicable est insuffisante pour permettre aux hôteliers de conserver la maîtrise de leur politique commerciale et tarifaire afin de répondre et de s’adapter au mieux aux besoins et demandes des clients. Les centrales de réservation en ligne ont ainsi pu s’engouffrer dans cette brèche juridique en imposant aux hôteliers des conditions de distribution abusives et anti-concurrentielles. Elles ont ainsi progressivement pris le contrôle des conditions commerciales et tarifaires de la vente des chambres d’hôtels sur Internet, sans pourtant à aucun moment supporter les risques liés à cette commercialisation.
L’Umih et le GNC rappellent que seul le recours à un contrat de mandat assurera aux consommateurs transparence et clarté en termes de conditions et de prix de vente des hôtels sur Internet.Une mascarade pour le GNI
Le Groupement national des indépendants dénonce quant à lui, une « mascarade » qui ne fait que maintenir la parité tarifaire vis-à-vis des hôtels et ne la supprimerait que vis-à-vis de ses concurrents, « ce qui conduira, en pratique, à maintenir la situation existante, au détriment des hôteliers et des consommateurs. » Pour le GNI, Booking.com cherche avant tout à préserver « sa rente ». « En se donnant l’apparence de redonner leur liberté tarifaire aux hôteliers, Booking.com prévoit de nombreux garde-fous visant à préserver sa rente et son modèle actuels, qui favorisent l’augmentation et le lissage des prix sur l’ensemble des canaux de distribution, une dégradation de la rentabilité des hôtels et une information trompeuse des consommateurs », fustige le groupement.
« Nous sommes décidés à aller jusqu’au bout, même si cela doit prendre du temps et à maintenir nos demandes  de suppression de toutes les clauses visées dans notre plainte, celle de parité tarifaire dans son intégralité, et les autres » a déclaré Didier Chenet,  président du GNI, dans un communiqué. Pour le groupement, la suppression de la clause de parité des disponibilités et de la clause d’utilisation illimitée, gratuite et mondiale de la marque, sont « des préalables à toute procédure d’engagements ». De plus, le groupement met également en avant que seul le site Booking.com a proposé des engagements alors que Expedia et HRS sont également visées par l’action des organisations professionnelles (CPIH, Fagiht, GNC, Synhorcat et Umih).


En Allemagne, les clauses de parités d’HRS sont déclarées anti-concurrentielles


La haute cour régionale de Düsseldorf a rejeté l’appel formulé par la plate-forme de réservation hôtelière HRS à l’encontre de la décision de l’autorité allemande de la concurrence (Bundeskartellamt), concernant les clauses de parité.
Grâce à ces clauses, les contrats d’HRS empêchaient les hôtels d’offrir sur d’autres canaux des tarifs plus intéressants. Avec sa décision, le Bundeskartellamt a ouvert la voie, a rapporté le Groupement national des indépendants (GNI).