À partir du 9 septembre, et pour une dizaine de jours, les gérants de l’établissement de débit de boissons Cuba Libre à Rouen, les frères Nacer et Amirouche B, placés sous contrôle judiciaire depuis septembre 2016, comparaissent devant le tribunal correctionnel du palais de justice de Rouen pour homicides involontaires et blessures ayant entraîné ou non une interruption temporaire de travail par violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement. Les prévenus seront défendus par Me Akli Aït Taleb pour Nacer et par Me Éric Dupond-Moretti pour Amirouche. Il y a trois ans, dans la nuit du 5 au 6 août 2016, 14 jeunes gens étaient réunis dans ce bar situé sur la rive gauche de Rouen. Ce soir-là, Ophélie fêtait son vingtième anniversaire dans le sous-sol de l’établissement, une cave transformée en piste de danse dans laquelle officiait Zacharia en tant que DJ.
Le drame est survenu peu après minuit. Des témoins ont vu Sarah aller chercher le gâteau d’anniversaire au RDC avant de redescendre l’étroit escalier menant au sous-sol. Sur le gâteau, des bougies – type feux de Bengale – éteintes. Quelques instants plus tard, des flammes sortaient de la cave sous les yeux horrifiés des fêtards. 13des 14 personnes citées plus haut y ont laissé la vie; la dernière, Karima, est morte des suites de ses brûlures un mois plus tard à l’hôpital. 6 autres personnes ont été blessées. Entre 50 et 80 pompiers, ainsi que 40 policiers, ont été mobilisés sur les lieux du sinistre.
L’enquête judiciaire a démontré que si l’incendie était purement accidentel, le terrible bilan humain de cette soirée résulte d’une série de « négligences ». Parmi ces dernières, la faible hauteur du plafond au-dessus de l’escalier menant à la cave, l’utilisation de longues bougies, la présence d’un isolant acoustique pour les murs extrêmement inflammable, l’absence de système d’alarme, la non-déclaration aux autorités de la transformation de cette pièce en salle de danse… La défaillance « la plus problématique » est cependant ailleurs : le soir du drame, la porte menant à l’issue de secours du sous-sol était verrouillée.
9 septembre 2019