Les résultats trimestriels de deux grands groupes français et deux indicateurs sectoriels révèlent une régression des activités d’Hébergement et de Restauration plus importante encore au troisième trimestre qu’au deuxième.
Avec deux trimestres consécutifs de baisse, la branche se trouve donc bien en récession économique.
C’est le cas pour le leader européen de l’hôtellerie, AccorHotels, du moins sur son marché français. Le groupe a certes augmenté son chiffre d’affaires global de 3 % entre juillet et septembre 2016. Mais il a enregistré en France (qui pèse encore 30 % de son CA), une baisse de 4,7 % à données comparables et de 13,4 % en données publiées. Une baisse expliquée par la chute de fréquentation de la clientèle loisirs sur des destinations phares. En premier lieu Paris (le groupe y compte près de 390 hôtels), où son recul culmine à 30 %.
Du coup, le revenu par chambre disponible (RevPar) d’AccorHotels dans la capitale plonge de 17,9 % dans la période. Alors qu’il augmente de 0,9 % en province, exception faite de la région de Provence Alpes Côte d’Azur (PACA), en recul de 10% et même de 20% à Nice.
C’est aussi le cas pour groupe Flo, qui enregistre un repli lui aussi plus marqué qu’au second trimestre, qui avait été porté par l’Euro 2016. Le chiffre d’affaires consolidé du quatrième groupe français de restauration à table reflue de 13.4% (-8.9% en comparable) à 334,8 millions d’euros (cumul 9 mois), alors qu’il reculait de -7,3 % (-5,1 % en comparable) au premier semestre. Son chiffre d’affaires sous enseignes (qui inclue les franchises) suit la même tendance. Son fléchissement atteint désormais 8,7 % contre 7,1 % au premier semestre.
De manière assez comparable à AccorHotels, les sites parisiens et les sites haut de gamme de Flo ont été le plus impactés. Les enseignes de son pôle Brasseries sont celles qui flanchent le plus (-11,5 % à périmètre comparable). Hippotamus recule également de 6,1 %. A l’inverse, ses unités Tablapizza ont très bien résisté, avec un chiffre d’affaires quasi étal (+ 0.3%) sur 9 mois. Son nouveau concept de restaurant, inauguré à Sens fin 2015 et à Meaux en juin 2016, affiche des performances commerciales très encourageantes et a d’ailleurs remporté l’Enseigne d’Or 2016 dans la catégorie "Rénovation". Si l’on considère cette fois les données sectorielles, leurs résultats corroborent les résultats d’AccorHotels et groupe Flo.
Prenons ceux de l’Observatoire des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs réalisé par l’institut I+C pour le GNI (Groupement National des Indépendants). Malgré des facteurs favorables (météo, Euro, pouvoir d’achat en petite progression), le chiffre d’affaires s’est dégradé de 4, 5% au troisième trimestre 2016, par rapport au même trimestre en 2015. En tendance annuelle, le repli s’établit même à près de 6% après la saison estivale. Même si ces résultats globaux doivent être fortement nuancés selon les régions et selon l’activité, près d’un professionnel sur deux interrogé par l’Institut déplore une baisse de clientèle et du ticket moyen et se dit préoccupation par l’évolution des marges et sa situation de trésorerie.
Dernier élément d’analyse, l’enquête de conjoncture réalisée chaque mois par l’Insee. Sur la foi du témoignage des chefs d’entreprise interrogés par l’Institut en octobre 2016, le climat des affaires, quasi inchangé (97), demeure au-dessous de sa moyenne de long terme. Les soldes sur l’activité baissent, mais ceux sur les effectifs augmentent. Celui sur les perspectives générales se maintient nettement au-dessous de son niveau moyen, avec une anticipation d’une baisse de la demande.
En langage clair, les patrons de la branche broient du noir et ne perçoivent aucune éclaircie à court terme.
7 novembre 2016