Le GNI demande l’uniformisation des lois pour tous les acteurs

Le GNI demande l’uniformisation des lois pour tous les acteurs

Face à la progression de l’économie collaborative, le GNI est monté au créneau pour réclamer les mêmes règles du jeu pour tous les intervenants du marché.« C’est tout le modèle social et économique qui est en péril, notre propre économie mais également le modèle social français », a indiqué Didier Chenet, président du GNI et du Synhorcat, lors d’une rencontre le 12 novembre dernier organisé par le syndicat à Paris, en soulignant également que Airbnb paie l’essentiel de ses impôts en Irlande où la taxation est bien moindre. Alors que son chiffre d’affaires estimé en France en 2014 atteint les 400 millions d’euros, le chiffre d’affaires déclaré par Airbnb France atteint seulement près de 5 millions dans l’Hexagone.
Autres griefs, le non-respect des différentes obligations par ces acteurs de l’économie collaborative telles que la déclaration préalable obligatoire pour les meublés touristiques au-delà de 4 mois de location dans l’année, l’obligation de compensation pour préserver l’équilibre entre habitat et activités économiques. La non-conformité au règlement de copropriété est également répandue. La taxe de séjour au réel à Paris est également problématique. « Elle doit être déclarée au réel et non pas faire l’objet d’un chèque pour solde de tout compte », a ajouté le président du GNI qui pointe également l’absence de garanties sanitaires et de sécurité de ces meublés touristiques alors même que le niveau des assurances prévu par les plates-formes telles que Airbnb peut vite se révéler insuffisant.Une vraie mutation sectorielle
Le GNI vient de nouer un partenariat avec l’Association pour un Hébergement et un Tourisme Professionnels (Ahtop) pour mettre en commun les travaux déjà réalisés concernant cette concurrence des meublés touristiques. Le syndicat demande une uniformisation des règles avec en tout premier lieu l’obligation pour les loueurs de meublés touristiques de s’inscrire en mairie.
Jean-Bernard Falco, hôtelier à Paris (Paris Inn Group qui compte 30 établissements 4 et 5 étoiles à Paris employant 700 collaborateurs), président fondateur d’Ahtop (association créée en juillet 2015), a précisé : « Avec cette montée de l’économie collaborative, nous vivons une mutation sectorielle très importante ». L’association observe une nette baisse de chiffre d’affaires des hôteliers parisiens depuis le premier semestre 2015 (environ -10 % en janvier, une tendance qui s’est maintenue les mois suivants), attribuée au développement de l’économie collaborative.


Faire face à la montée de la restauration collaborative
Du côté des restaurateurs, les approches collaboratives prennent également de l’essor. Les « restaurants clandestins » de type « chef à domicile » seraient de l’ordre de 3 000 dans l’Hexagone, a indiqué Laurent Frechet, restaurateur sur Paris et Lille et président de la branche des restaurateurs au Synhorcat. « Si nous suivons l’évolution d’Airbnb, on peut estimer qu’ils seront environ 30 000 dans trois ou cinq ans. Si cette économie peut paraître sympathique, elle est complétement anti-concurrentielle et menace les emplois de demain. Nous demandons que la réglementation soit partagée par tous. »
Face à cette montée de l’économie collaborative, le GNI a pris part aux travaux de l’Hotrec qui vient d’éditer une charte en dix points et qui servira de base aux actions du syndicat au cours des prochaines années. Parmi les autres mesures, sensibiliser les élus et tenter d’introduire une régulation de ces plates-formes dans la loi Macron 2 sur le numérique qui sera votée prochainement.


Le chiffre d’affaires des hôtels a baissé de 3 à 9 % à Paris


La capacité des plates-formes dites collaboratives en hébergement est désormais proche de celle de la totalité de l’hôtellerie française, a mis en avant Jean-Baptiste Pieri, président de la commission Europe & Numérique du Synhorcat-GNI, en précisant que sur Paris intra-muros, la capacité de ces plates-formes représente entre 80 000 et 125 000 chambres, contre 82 000 chambres pour les hôtels selon l’Office de tourisme de Paris.
Dans la capitale, les offres collaboratives sont en croissance de 82 % sur un an, en novembre. Le revenu moyen par meublé ressort à 10 500 euros par an, soit un chiffre d’affaires annuel a minima de 360 millions d’euros (selon des données Inside Aibnb et Airdna). « On est loin des personnes qui cherchent à arrondir leur fin de mois. »
De plus en plus de services sont mis à la disposition de ces loueurs tels que des outils de yield management, diverses prestations… « Le taux d’occupation médian de ces meublés à Paris atteint 61 % sur les 12 derniers mois et 79 % en septembre dernier. Nous l’avons senti passé », a ajouté Jean-Baptiste Pieri en précisant que le chiffre d’affaires des hôtels a baissé de 3 à 9 % dans la capitale entre janvier et septembre (selon des données OTCP et Ahtop). Ces offres alternatives sont également particulièrement développées en Corse. Les nombreuses résidences secondaires qui étaient jusqu’à présent louées par connaissance font désormais l’objet d’une mise en marché massive avec environ 30 000 logements, soit 60 000 chambres, représentant cinq fois l’offre hôtelière de l’île de Beauté. « Alors que la fréquentation de la Corse a été stable en 2014, les nuités hôtelières ont baissé de 5,5 %. »