
Alors que le Groupement national des indépendants (GNI) vient d’obtenir une avancée majeure dans son combat contre les OTAs avec la condamnation d’Expedia, Didier Chenet, président du GNI, a fait un point sur les actions du groupement en cours lors de la présentation des données chiffrées de la filière CHR du premier trimestre 2015 (lire article "Activité CHR au 1er trimestre 2015"), le 7 mai 2015 à Paris.L’encadrement des pratiques des OTAs et des sites d’opinions constitue un axe prioritaire pour le Groupement national des indépendants (GNI). Dans ce domaine, le groupement vient de remporter son action contre Expedia, le tribunal de commerce de Paris considérant les clauses du site de réservation comme nulles (lire article
"Booking.com devra laisser plus de liberté tarifaire aux hôteliers").
Le GNI avait déjà dénoncé la proposition d’engagement de Booking (lire article dans Industrie Hôtelière n°677, janvier 2015). « Nous ne sommes pas du tout satisfaits de ce qui a été proposé par l’Autorité de la concurrence car les indépendants n’ont toujours pas la possibilité d’indiquer sur leurs sites, des prix inférieurs à ceux proposés par Booking », a indiqué Didier Chenet, en rappelant que Booking représente environ 70 % des réservations en ligne en France. « Le passage à l’ère numérique en France est un véritable flop. Si les chaînes intégrées ou non peuvent afficher des prix inférieurs, leur site étant considéré comme un canal indirect, ce n’est pas le cas des indépendants. »
Autre grief mis en avant par le GNI, le « pillage des marques » par les OTAs. Si les grands groupes ont pu éviter que leurs marques servent à rediriger les internautes vers d’autres établissements, il en va autrement des indépendants qui ne disposent pas du même poids.
« Booking joue la montre. Dans les engagements, il est spécifié que la société s’interdit d’empêcher tout hôtelier d’entrer en relation avec son client. Or, depuis quelques jours, la société, sous couvert de préserver les sites des hôteliers des hackers…..cryptent toutes les adresses e-mail des clients. Les hôteliers ne peuvent plus accéder à ces adresses. Nous sommes fermement décidés à aller jusqu’au bout, c’est-à-dire à obtenir la nullité de ces clauses. »
Quant aux sites d’opinions, le GNI entend imposer la norme Afnor. « TripAdvisor qui a participé à la mise en place de la norme Afnor –pour obtenir une norme au minima, refuse de l’appliquer. Nous nous battrons donc pour que ce soit inscrit dans la loi. »Obtenir l’équité
Autre priorité du groupement, obtenir l’équité de toutes les formes d’hébergements marchands. Cela passe notamment par l’inscription en mairie de toutes les locations.
« Nous proposons au gouvernement de créer des assises de l’hébergement marchand pour analyser ensemble la situation, connaître les règles sociales, fiscales, réglementaires, appliquées aux uns et aux autres et harmoniser ces aspects. »
Le GNI a également apporté son point de vue sur les allergènes (lire également "l’information des consommateurs sur les allergènes est obligatoire"). Pour un restaurateur qui réalise sa carte tous les jours, ou les traiteurs, la tâche s’annonce difficile. « Cela va encourager la restauration de l’industrie agro-alimentaire qui est déjà contrainte de les indiquer sur les emballages. »
Par ailleurs, le groupement ne se montre pas favorable au titre d’artisan cuisinier, mettant en avant que le diplôme n’assure pas la qualité de la cuisine et n’empêche pas l’utilisation de plats déjà cuisinés. De plus, la plupart des grands chefs cuisiniers ne peuvent pas se prévaloir du titre, leur entreprise étant constituée de plus de 10 salariés.Le principe des contrôles sanitaires demeure
Autre évolution du secteur, l’élargissement du titre de maître restaurateur aux salariés. « Nous pensons que cette ouverture aux salariés est une erreur qui posera des problèmes à terme. Que fera l’établissement quand le salarié quittera l’entreprise et qui contrôlera ? » interroge Didier Chenet.
Autre point soulevé, la transparence des résultats des contrôles sanitaires (de type smileys). Une expérimentation de la mise en transparence des résultats mentionnant le niveau d’hygiène (« bon », « acceptable » ou « à améliorer, mesures correctives requises ») est en cours dans le secteur de la restauration commerciale à Paris et à Avignon qui a fait l’objet d’un décret (décret n° 2015-189 du 18 février 2015). « Si les smileys ont été abandonnés, le principe des contrôles sanitaires demeure du côté de la Direction générale de l’alimentation malgré l’avis du ministère de l’Économie », fustige le GNI qui entend porter le débat au niveau européen en partenariat avec l’Hotrec, l’association européenne des hôtels, restaurants et cafés.
Complémentaire santé : des évolutions à venir
La fin des clauses de désignation va permettre aux établissements de la filière CHR (450 000 salariés couverts en santé) de choisir librement leur organisme complémentaire de santé à partir du 31 octobre 2015.
Pour étudier les orientations de la branche dans ce domaine (recours à un appel d’offres ou non…), le GNI prévoit de travailler avec un cabinet juridique. Reste à déterminer à qui appartient les réserves légales constituées de près de 200 millions d’euros (due à une surestimation du risque, faute de données précises). Si pour certains intervenants il s’agit des assureurs, pour d’autres ce serait la branche, mais elle ne dispose pas de la personnalité morale.
« L’objectif est de reconduire les partenaires actuels dans des conditions qui soient différentes », met en avant Didier Chenet. Le GNI entend améliorer les conditions des garanties et ouvrir le bénéfice de la mutuelle à la famille. « Nous sommes très attachés à la mutuelle de branche, mise en place en 2009 via le Synhorcat, la Fagiht, la CPIH, que nous comptons faire évoluer ».
Vers un nouveau paysage syndical
« Cela n’avance pas aussi vite que nous le souhaiterions car nous avons connu quelques soubresauts avec le départ de la CPIH, ce qui implique une refonte de nos statuts », a précisé Didier Chenet concernant la réorganisation du GNI, en ajoutant que les cinq régions les plus importantes de la CPIH, représentant entre 1 000 et 1 100 adhérents sur les quelque 2 000 que comptent la confédération- ainsi que l’Apiih, restent au sein du GNI.
En filigrane de ces réorganisations syndicales, la loi sur la représentativité qui impose aux organisations au moins 8 % d’entreprises adhérentes au syndicat. Les dossiers de demande de reconnaissance de représentativité seront à déposer avant le printemps-été 2016 auprès de la Direction générale du travail en tenant compte du nombre d’entreprises adhérentes à jour de leurs cotisations 2015 (au plus tard au 31 mars 2016).