2015 devrait présenter une certaine embellie pour le marché de l’hôtellerie par rapport à 2014, pronostique Deloitte qui table sur une croissance de 0,7 à 2,6 % du chiffre d’affaires hébergement avec néanmoins de nettes disparités selon les secteurs. L’hôtellerie haut de gamme devrait ainsi tirer son épingle du jeu avec une croissance qui pourrait atteindre jusqu’à 4 %, contrairement à l’hôtellerie super-économique dont le taux d’occupation devrait être en stagnation ou en baisse.Si l’année 2015 ne commence pas sous les meilleurs auspices (lire page 10), le cabinet Deloitte prévoit une embellie pour le secteur de l’hôtellerie par rapport à 2014.
« Le marché de l’hôtellerie va retrouver quelques couleurs en 2015, indique Olivier Petit, associé Tourisme, Hôtellerie et Restauration chez In Extenso – Deloitte. Cela ne sera pas un rebond spectaculaire mais le marché devrait enregistrer une progression des performances. Ainsi, le RevPar de l’hôtellerie devrait augmenter en moyenne nationale d’environ 1 à 2,5 %. Reste une inconnue, le risque sécuritaire. Les attentats de janvier ont démontré l’incidence immédiate et totalement imprévisible que cela peut avoir sur l’hôtellerie – toutes catégories d’hôtels confondues. Néanmoins, le maintien d’un euro faible, les politiques nationales telles que le Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), les politiques européennes comme le fonds de relance, sont favorables à l’activité du secteur. » De nettes disparités de variation de chiffre d’affaires devraient être observées selon les secteurs.
L’hôtellerie de luxe et le haut de gamme en hausse
Pour l’hôtellerie de luxe, la croissance devrait atteindre 1 % à 3 % du chiffre d’affaires hébergement. La catégorie bénéficiera de la conjoncture internationale mais sa croissance reste limitée par le fort développement du parc ces dernières années.
La croissance devrait osciller entre 2 % et 4 % pour l’hôtellerie haut de gamme. La catégorie bénéficiera elle aussi de la conjoncture internationale et d’une année impaire plus porteuse en gros congrès.
Pour l’hôtellerie milieu de gamme, « 2014 a déjà marqué le retour de la croissance avec une reprise significative au second semestre – hors mois de novembre. L’amélioration de la conjoncture économique pourrait donner un second souffle au marché du séminaire et conduire à une hausse de l’ordre de 1,5 à 3 % du chiffre d’affaires en 2015 », indique Olivier Petit.
Des incertitudes pour l’hôtellerie économique
À l’opposé, la situation apparaît délicate pour l’hôtellerie économique. « Le marché de l’économique, comme le super-économique, a été impacté par l’incapacité des hôteliers à répercuter l’augmentation de la TVA. La tendance à la reprise des taux d’occupation laisse espérer une croissance de 0 à 2 % du chiffre d’affaires. L’amélioration du contexte économique national devrait permettre de repasser dans le vert en 2015. » Les RevPar sont en recul depuis quelques années sur ce secteur. « Si globalement l’effet TVA est derrière nous, ce secteur reste fragilisé par le développement du parc de l’hôtellerie économique, une concurrence accrue, ainsi que par la concurrence indirecte liée au développement des résidences hôtelières, même si cette tendance devrait se réduire », ajoute Olivier Petit. Le secteur est également impacté par le développement d’une hôtellerie de plein air plutôt dynamique, des auberges de jeunesse de nouvelle génération dont le positionnement est proche de l’hôtellerie économique et des offres de type Airbnb. Si l’embellie du contexte national économique devrait stabiliser les performances de ce secteur, un risque de poursuite du recul n’est pas à exclure.
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Des performances en stagnation pour l’hôtellerie parisienne
Le cabinet prévoit une baisse de - 2 % à + 0,5 % du chiffre d’affaires hébergement pour le secteur de l’hôtellerie super-économique, qui s’inscrit dans la tendance de ces dernières années, marquée par un recul de son taux d’occupation. « Après trois années de tassement de la performance, 2014 aura montré la rigidité du positionnement tarifaire, avec une clientèle très sensible au prix affiché. La hausse de la TVA de trois points a grandement pénalisé la catégorie. Toutefois, les acteurs les plus ambitieux, ayant investi dans la modernisation de leur produit s’en tirent mieux que les autres », indique Deloitte. La stratégie de certains acteurs de se rapprocher des centre-villes s’est avérée payante. Ils ont en effet mieux résisté à la crise.
Plusieurs grandes tendances vont continuer à marquer le secteur. Tout d’abord, l’hôtellerie parisienne qui a achevé l’année 2014 sur des performances en stagnation voire en recul (lire ci-dessous). Les taux d’occupation se maintiennent à des niveaux élevés mais le recul des prix moyens doit amener certains acteurs à revoir leur stratégie.
Autre tendance marquante, le succès de l’hôtellerie « expérientielle ». L’hôtellerie de chaîne comme les indépendants, mettent en avant l’expérience procurée aux clients. Les acteurs doivent faire preuve de créativité pour faire découvrir à des clients toujours plus connaisseurs, de nouveaux concepts. À la clé, une occupation à la hausse et des prix moyens supérieurs au reste du marché.
Le développement du digital sera également à prendre en compte dans les stratégies de développement. « En 2015, le digital restera sans conteste la composante incontournable du succès hôtelier, conclut Joanne Dreyfus, associée Tourisme, Hôtellerie et Restauration chez Deloitte. Les touristes n’ont jamais autant utilisé internet et les médias sociaux pour effectuer leur choix de voyage et réservation. Les dirigeants de l’industrie du tourisme doivent accélérer leur mutation digitale à tous les niveaux de l’exploitation. »
La fréquentation dans les hôtels du Grand Paris accuse une baisse en 2014
Les données publiées par l’Observatoire économique du tourisme parisien font état d’une légère baisse de fréquentation des hôtels du Grand Paris en 2014, bien que les volumes restent élevés. Le nombre d’arrivées enregistrées dans les établissements sur l’ensemble de l’année a en effet reculé de 1,4 % par rapport à 2013, à 22,4 millions. En termes de nuitées réalisées, au nombre de 48,9 millions, la contraction atteint les 1,9 %.
La tendance à la baisse résulte davantage du recul de la fréquentation étrangère. Le nombre d’arrivées de touristes internationaux dans les hôtels a en effet chuté de 2,5 % en 2014, à 11,6 millions, alors que les visiteurs français ont maintenu des niveaux de fréquentation similaires à l’an dernier (10,8 millions).
Parmi les nationalités moins présentes cette année dans les hôtels parisiens, les arrivées russes ont chuté de 12,2% en raison du contexte géopolitique actuel. Viennent ensuite les arrivées allemandes (- 11,8 %), suisses (- 9,1 %) britanniques (- 8,1 %) et japonaises (-7,4 %). Si la fréquentation des touristes en provenance des États-Unis a tout juste maintenu un niveau similaire à celui de l’an dernier, elle est la plus élevée en termes de volume avec 1,5 million de visiteurs dans les hôtels parisiens. À l’inverse, la hausse des arrivées espagnoles (+ 6,7 %) témoigne de la reprise du marché et dépasse la progression des Chinois (+ 1,2 %). La fréquentation belge et néerlandaise s’est maintenue sur l’ensemble de l’année.
Il est également important de noter la bonne présence des clientèles françaises dans les établissements parisiens en 2014. Si la fréquentation nationale s’est maintenue dans les hôtels du Grand Paris (- 0,1 %), elle a progressé dans ceux de Paris intramuros (+ 1,1 %).Source Hospitality On