Comment s’annonce la saison estivale 2014 à mi-parcours ?

Comment s’annonce la saison estivale 2014 à mi-parcours ?

L’enquête effectuée par l’observatoire I+C/SYNHORCAT révèle que les mauvaises performances enregistrées au printemps proviennent tant de la réduction de la fréquentation des établissements, que de la diminution du ticket moyen et que les professionnels de l’HCR se montrent un peu plus prudents qu’il y a trois mois et misent notamment sur une stabilisation de leur activité pour la saison estivale.Selon l’enquête I+C/SYNHORCAT : « La filière HCR n’échappe pas à ce contexte puisque les difficultés qu’elle rencontre depuis près de deux ans se perpétuent au printemps 2014. Le chiffre d’affaires continue de se détériorer au 2nd trimestre 2014, à hauteur de - 2,5 % sur l’ensemble des métiers par rapport au même trimestre de l’année précédente. Malgré un calendrier particulièrement favorable (nombreux ponts du mois de mai), et des conditions météo exceptionnelles, seule l’activité de l’hôtellerie se raffermit ce trimestre : légère progression pour les hôtels (+ 1 %) et quasi-stabilisation pour les hôtels-restaurants (- 0,5 %). Les traiteurs et les cafés-bars affichent des baisses limitées (proches de - 1 %) comparées à un 2nd trimestre 2013 déjà très mal orienté. Les professionnels des restaurants et plus encore des brasseries accusent des baisses toujours sensibles ce trimestre, respectivement - 4 % et - 7 %.
La tendance annuelle demeure orientée à la baisse, de l’ordre de - 3 % à l’issue du printemps. Ce faible dynamisme se retrouve sur la quasi-totalité de l’hexagone, les baisses s’échelonnant de - 1,5 % dans l’Ouest à - 4,5 % en Bourgogne-Rhône-Alpes. Avec une stabilisation de leur activité, les professionnels implantés dans la région Nord-Normandie font figurent d’exception au printemps.. »

 
Le GNI* confirme cette analyse  après enquête sur le territoire national : « La saison estivale se réduit de plus en plus. Elle commence après le 14 juillet pour se terminer autour du 20 août. Cette année,  l’effet Coupe du monde a peu profité à la restauration. Ajoutez à cela un pouvoir d’achat qui s’est considérablement réduit, une pression fiscale qui ne cesse d’augmenter et pour les entreprises une marge de plus en plus étroite. Heureusement, les festivals se déroulent avec un succès qui ne se dément pas car les Français cherchent de plus en plus des activités sportives ou évènements culturels en famille. »
 
♦ Didier Chenet, co-président du GNI affirme que le soleil ne donne pas meilleure mine au pouvoir d’achat des Français. La destruction d’emplois observée dans l’hébergement marchand est un signe que nos gouvernants devront prendre en compte dans leur volonté d’augmenter les taxes. Elle s’accélère dangereusement. En 2012, nous étions à - 300 emplois, en  2013 à - 2 400 emplois. Sur le seul 1er trimestre 2014, 1 500 emplois ont été détruits (source DARES). Le tourisme, déjà fortement concurrencé par l’Espagne, est une priorité nationale ainsi que les emplois qu’il est susceptible de générer, ne gâchons pas cet atout de l’économie française.


Selon l’enquête I+C/SYNHORCAT : « Les professionnels du secteur misent notamment sur une stabilité de leur activité au cours de la saison estivale. Le pourcentage d’intervenants anticipant une reprise de leur activité pour les mois à venir s’avère un peu plus élevé que le pourcentage d’intervenants craignant une nouvelle baisse. Les prévisions d’embauche de salariés permanents pour le 3e trimestre 2014 se maintiennent au même niveau qu’un an auparavant. Le recours aux emplois saisonniers tendrait à se renforcer au cours de l’été 2014 par rapport à l’été 2013.
 
  Pour Gérard Guy, co-président du GNI : Le début de saison est très en dents de scie ! Parfois les clients répondent présents mais ils ne consomment pas ou peu.
Même avec le soleil, le drapeau noir flotte sur la marmite de Dieppe au Touquet et dans le reste des régions où l’on observe une faible fréquentation dans les restaurants.
Claude Daumas, co-président du GNI constate que le début de saison a été marqué par un temps agréable au mois de juin, ce qui n’a cependant pas empêché une baisse du chiffre d’affaires des entreprises en général. Pour les restaurateurs, on constate une baisse de la clientèle et du ticket moyen.
Le début juillet est nettement impacté par le mauvais temps qui s’ajoute à la baisse du pouvoir d’achat des clients. Pour le reste de la saison, les prévisions en termes de réservation sont en baisse par rapport aux années précédentes. Une saison ne se jugeant que lorsqu’elle est terminée, le bilan définitif sera connu fin septembre.
Les observations des présidents de branches et de régions vont dans ce sens. À titre d’exemple, voici leurs constatations.
Dans le Languedoc-Roussillon, Philippe Etourneau est pessimiste : « La fréquentation est en recul d’environ 30 % avec une baisse du prix moyen en hôtellerie et une baisse du ticket moyen en restauration. » Selon l’enquête I+C/SYNHORCAT : L’activité régionale est de moins 2 % par rapport au même trimestre de l’année précédente.
 
Même le pont du 14 juillet n’a pas fait le plein, loin de là ! On ne se bousculait ni sur le littoral, ni dans des lieux emblématiques comme la cité de Carcassonne. Le faible taux de réservation n’a été que très faiblement compensé par les réservations de dernière minute, beaucoup moins nombreuses qu’en 2013.
Dans un contexte de crise économique et de morosité générale, la grève des intermittents, qui a conduit à l’annulation de plusieurs spectacles et la menace latente de grève durant tous les festivals, a conduit bon nombre de professionnels du spectacle et de spectateurs à renoncer à venir pour ne pas prendre le risque de se retrouver devant un rideau qui reste baissé. Les mouvements SNCF et aiguilleurs du ciel n’ont pas arrangé les choses.
De plus, depuis la fin juin, la météorologie n’est pas particulièrement favorable : vents forts, tempêtes, pluie, eau à 18 °C découragent ou font fuir les touristes. Dans l’hébergement, nous devons faire face plus que jamais à un développement considérable des locations de meublés : ainsi l’offre sur Airbnb a augmenté de + 253 % sur Montpellier, + 120 % sur La Grande Motte et Le Grau-du-Roi / Port Camargue, + 100 % sur Nîmes ou Carcassonne par rapport à 2013. Il est urgent que les communes s’emparent de la loi ALUR et la fasse appliquer.
Dans la  restauration, la consommation est en berne : les touristes sortent boire un verre mais soit mangent chez eux, soit consomment de la petite restauration. Le taux de réservation pour le mois d’août ressemble à un encéphalogramme plat. La situation est des plus inquiétante pour la rentrée : de nombreuses défaillances d’entreprises sont à prévoir avec des pertes d’emplois à la clé.
Marcel Benezet, qui séjourne dans le sud : « Pour les cafés, bars, brasseries, une petite embellie au moment de la Coupe du monde mais un malaise général qui n’encourage pas la fête.
Par contre, les professionnels accueillent favorablement la mise en place du « fait maison » qui va renforcer un lien de confiance entre le restaurateur et ses clients qui exigent légitimement de la transparence. »
Antoine Majou est tout aussi prudent : « Prévisions à la baisse confirmées pour le tourisme en Poitou-Charentes en ce mois de juillet.  Des chambres sont encore disponibles sur le littoral malgré la venue de vacanciers étrangers plus remarquée cette année. Les réservations s’annoncent meilleures pour le mois d’août. La restauration souffre beaucoup sur la côte comme dans le reste de la région, baisse de fréquentation et ticket  moyen morose,  cela  reflète bien  l’état d’esprit général des consommateurs. Les restaurateurs espèrent un mois d’août plus dynamique grâce au nouveau label « fait maison » qui va peut être inciter les clients à venir tester et commenter cette transparence gastronomique. »
Selon l’enquête I+C/Synhorcat, l’Ouest dans son ensemble a régressé de 1,5 % par rapport au même trimestre de l’année précédente.
En Corse, Jean-Baptiste Pieri : « Des arrivées équivalentes de clients malgré les graves dégâts engendrés par les  grèves de la SNCM. On constate - 10 % sur l’hébergement marchand professionnel et  + 20 % chez airbnb, abritel & co. ! La restauration est à - 20 %.
Marc Tellier exprime son inquiétude : « L’activité saisonnière est quelque peu en berne sur la côte normande. En effet, tous les week-ends de juillet ont été défavorables en raison du climat et les activités touristiques ont été en baisse dans la région. Les efforts fournis par le comité régional du tourisme n’ont pas été suffisants pour retenir les touristes en région.. bref pas un millésime à retenir ! »
Selon l’enquête I+C/Synhorcat, le Nord/Normandie est stable par rapport au même trimestre de l’année précédente.


Pour Jean-Pierre Chedal, « en ce qui concerne la restauration sur la plan national, l’activité est tendue voire préoccupante. On constate une stabilité relative du nombre de clients mais leurs dépenses subissent de plein fouet la crise du pouvoir d’achat. En termes de profitabilité, l’augmentation de la TVA constitue un frein important car elle n’a pas pu être répercutée sur les prix. Les cessations d’activité s’accélèrent fortement. Le « fait maison » devrait encourager la clientèle qui recherche la qualité et le professionnalisme à fréquenter plus assidument nos établissements ».
Les restaurateurs se montrent globalement divisés quant à l’évolution de leur activité au cours de la saison estivale. Les traiteurs s’avèrent un peu plus optimistes puisqu’ils envisagent essentiellement soit une hausse, soit le maintien de leur activité pour les mois à venir. Les anticipations d’activité se différencient sensiblement selon les régions. Les intervenants localisés dans l’Ouest et dans l’Est se montrent particulièrement enthousiastes pour les mois à venir. Leurs confrères implantés en Île-de-France et en Bourgogne - Rhône-Alpes se révèlent plus sceptiques. À un an d’intervalle, les intentions d’embauche des salariés se contractent légèrement pour l’emploi de permanents mais progressent d’un point pour l’emploi de saisonniers.


Selon l’enquête I+C/SYNHORCAT, les hôteliers en particulier à Paris qui reste un îlot de prospérité sont néanmoins déçus de la saison. Geneviève Bahler constate que « les touristes internationaux restent nombreux, sauf les Brésiliens qui nous font cruellement défaut en raison de la Coupe du monde. Les clients consomment moins et prennent leurs repas dans leurs chambres y compris les petits déjeuners. Le mois d’août reste incertain car les réservations sont prises au dernier moment en fonction des conditions météorologiques. L’activité des professionnels de l’hôtellerie pour les mois à venir pourrait être comparable à celle enregistrée au printemps : légère hausse pour les hôtels et stabilité pour les hôtels restaurants. Le solde d’opinions concernant les prévisions d’activité au prochain trimestre se révèle positif dans le quart Nord-Ouest de l’hexagone et très positif en Île-de France. Les intervenants localisés dans le Sud-Est se montrent plus inquiets pour les mois à venir, notamment en Bourgogne-Rhône-Alpes. Quant aux hôteliers du Sud-Ouest, ils semblent divisés à ce propos. Un peu plus d’un cinquième (21 %) des hôteliers prévoit d’embaucher des saisonniers au cours de la saison estivale, soit une proportion en légère baisse à un an d’intervalle (25 % pour le 3e trimestre 2013).
 
* Le GNI (Groupement national des indépendants) est la seule organisation professionnelle du secteur à fédérer les entreprises indépendantes et patrimoniales : 23 000 hôtels, cafés, bars, restaurants, traiteurs organisateurs de réception et établissements de nuit employant 260 000 salariés. Les 3 syndicats du GNI sont la CPIH, présidée par Gérard Guy, la FAGIHT présidée par Claude Daumas et le SYNHORCAT, présidé par Didier Chenet.