« Une page se tourne et une nouvelle vie commence »

« Une page se tourne et une nouvelle vie commence »

Sylvia Harrault, directrice générale de l’hôtel Les jardins de l’Odéon a fermé son établissement le 23 décembre 2013 pour une rénovation totale de 7 mois qui permettra à l’hôtel d’obtenir la 4e étoile. Elle nous fait part de son aventure et en particulier sur la gestion de ses salariés pendant toute la durée des travaux. Un très bon exemple à suivre pour nos adhérents et une véritable « remise en cause » pour une autre vie !Une énergie positive hors du commun vous anime ? Où la puisez-vous ?
La passion est mon carburant. Je suis devenue directrice d’hôtel en ayant occupé auparavant tous les postes en front-office d’un grand hôtel parisien. Je n’ai pas reçu de formation hôtelière mais je représente la 3e génération d’hôteliers de ma famille. Les rencontres et formations que j’ai reçues dans cette structure m’ont confortée dans ma décision de diriger une boutique hôtel.
Comment avez-vous assumé la responsabilité d’annoncer à vos 12 salariés âgés de 26 à 56 ans que votre établissement, non seulement fermait mais n’ouvrirait plus semblable à lui-même ?
J’ai présenté ce projet où 100 % du personnel était présent et j’ai pu répondre aux questions de tous. Suite à cette réunion, quelques jours plus tard, tous ont eu un entretien confidentiel de 45 minutes avec un cabinet extérieur (Perlezennconseil) qui a pu mesurer la compréhension et l’adhésion au projet. Toute l’équipe était partante !Pas de licenciements, c’est sûr quand même ?
Oui, je le leur ai certifié ! J’ai annoncé le projet bien avant qu’il ne se réalise de manière à ce qu’il soit intégré dans les esprits et non débusqué à qui veut l’entendre, comme toujours quand une annonce est considérée « confidentielle » et évidement découverte par tous avec la rumeur et déformée négativement.Explication ? Pas facile ? Certains effectuaient les mêmes gestes depuis des années ?
Être clair et précis est le quotidien d’un manager. Quand on monte d’une étoile, il faut monter en compétences et c’est normal que des peurs s’installent. C’est une remise en question ! Serons-nous capables ? Cette réaction est normale. Le plan de formation a débuté tôt ?
Oui dès mai 2013. Le but était de préparer les équipes qui sont pour la plupart des autodidactes. Il fallait leur donner confiance, le moteur de la motivation. Ils ont parfaitement compris que ne pas avancer c’est reculer. Nous avons mis en place des formations telles que des mises à niveau de français pour 50 % de l’équipe, deux journées entières de formations avec l’ensemble du personnel où chacun prend conscience des modes de communication différents de leur collègues, des responsabilités et des tâches de chacun dans l’hôtel. Des stages d’anglais, de la gestion du stress avec la découverte pour la très grande majorité du théâtre et des techniques telles que la sophrologie, le Qi Gong et la gymnastique chinoise.Des augmentations de salaires sont-elles envisagées ?
Changer ses gestes, ses relations aux autres, vaincre ses peurs, se rééduquer, se reconstruire, c’est cela qui est le plus difficile et lorsque l’on y parvient, la montée en compétences se met en route et ce ne serait pas cohérent de ne pas reconnaître leur progression.Cinq personnes sur douze assureront l’ouverture cet été 2014... Et les autres ?
Et bien, ils ont réalisé leurs rêves, leurs projets personnels. Leur nouvelle assurance leur a permis de devenir eux-mêmes : une femme de chambre a passé un examen d’entrée pour une formation d’aide-soignante, ce qu’elle souhaitait, et a réussi. Un autre entame une belle carrière de musicien. Ils ont arrêté de subir ce qui n’était pas vraiment leur passion et ont eu les moyens de se réaliser. Certains se sont dit que c’était l’occasion pour aller à la rencontre de nouvelles expériences dans d’autres hôtels.Et en attendant, quel est le programme pour les 5 qui feront partie de l’aventure ?
Et bien c’est là que le Synhorcat, avec Grégory Hulin, nous a aidé. Nous souhaitions mettre à disposition toute l’équipe dans des hôtels 4 ou 5 étoiles pour qu’ils continuent leur formation et apprennent en osant s’affirmer, poser des questions, donner leurs idées, exister ! Ainsi ils ont pu être placés dans des hôtels 4 ou 5 étoiles et ils y mettent en pratique ce qui sera leur nouveau quotidien à la réouverture.Pour quelles raisons êtes-vous adhérente du Synhorcat ?
Ce qui me plaît chez vous, c’est que l’humain est privilégié et pas seulement le bas du bilan. Vous regroupez des établissements indépendants et familiaux bien que d’envergure. Votre conclusion sur cette aventure ?
Cet accompagnement humain du changement nécessite une implication forte de la part du directeur et du propriétaire de l’hôtel, et cela, bien avant la réalisation des travaux de rénovations, puis encore après l’ouverture.