4 000
C'est le nombre d'hôtels qui doivent disparaître d'ici trois ans. Sur un parc de 17 500 hôtels, c'est beaucoup. Et c'est plus que le nombre qui ont fermé ces 15 dernières années. Les CCI, les syndicats professionnels font le compte dans leur département et arrivent à ce chiffre énorme. Beaucoup de ces hôtels sont situés en milieu rural, avec un TO faible, moins de 20 chambres et perdent de l'argent depuis plusieurs années. Les mises aux normes incendie, et plus coûteux encore, l'accessibilité handicapés représentent un investissement insoutenable pour eux. Et faute de pouvoir investir, ils ne pourront entrer dans le nouveau classement. Le paysage hôtelier va s'éclaircir d'ici trois ans. Comme les cafés ruraux qui disparaissent, c'est un peu de vie rurale et d'hôtellerie traditionnelle et familiale qui s'évanouissent.
Le plus mauvais moment
Pas plus le classement hôtelier que les normes de sécurité et d'accessibilité n'ont suscité d'opposition quand ils ont été rendus officiels. A cette époque, l'hôtellerie ne connaissait pas la crise où elle entrée au second semestre 2008. Pour certains hôtels en difficulté, la mise aux normes incendie représente 30 à 40 000 euros. L'endettement supplémentaire que cela occasionne retardera d'autant plus leur retour au profit. Et faut-il rappeler que pour bénéficier d'Oséo, l'hôtel ne doit pas être déficitaire. De même, pour profiter du Prêt pour la rénovation hôtelière, il faut que la banque ait préalablement accordé un prêt. Quand on dit qu'on ne prête qu'aux riches...
56 %
C'est la part des hôteliers qui aimeraient vendre leur affaire (source : Comité pour la Modernisation de l'Hôtellerie Française). Si trop de professionnels ont tardé à réinvestir leurs bénéfices, beaucoup n'en faisaient pas assez pour améliorer leur établissement et le maintenir en état. Le problème, c'est qu'une grande partie de ces hôtels, dont beaucoup figurent parmi les 4 000 promis à la disparition sont difficilement vendables pour une destination d'hôtel. Le problème de fond reste le même : la rentabilité médiocre de ces affaires.
Montée en gamme, oui mais...
L'hôtellerie économique - du 0 au 2 étoiles - est passée de 81 % du parc total en 1995 (soit 16.314 hôtels) à 72 % en 2010 (soit 12.199 hôtels). L'offre hôtelière de moyen et de haut de gamme s'est au contraire accrue de plus de 941 hôtels. Si l'hôtellerie 0 à 2 étoiles a perdu le plus grand nombre d'hôtels, il s'agit essentiellement d'établissements indépendants. Les chaînes hôtelières intégrées dans cette gamme dite économique ont au contraire gonflé leurs effectifs sur ce laps de temps de plus de 25 %. La montée en gamme (disparitions d'hôtels économiques) correspond mécaniquement à une montée en prix, tandis que 47 % de la clientèle hôtelière estime déjà que les hôtels français sont trop chers (source Coach Omnium). L'hôtellerie économique indépendante n'arrive pas à être rentable dans le bas de gamme dont se sont emparés les groupes.
Le classement hôtelier en questions
Le nouveau classement réjouit certains qui vont grimper d'une étoile sans grand investissement dans le nouveau classement. De même,la 5ème étoile apporte-t-elle une plus grande unification des classements entre les pays européens. Ceux qui contestent le nouveau classement mettent surtout en avant le fait qu'il n'a pas été pensé par et pour le consommateur. Ainsi, par exemple, alors que les clients se plaignent fréquemment du bruit dans les hôtels, ce critère ne figure pas avant la catégorie 4 étoiles. Or, les 1 à 3 étoiles comptent pour 85 % de l'offre. Tout aussi absurde, le fait qu'un hôtel aux chambres sans sanitaires privés puisse entrer dans le classement. Mais il est vrai que dans le cas contraire, une partie de l'hôtellerie intégrée en aurait pâti.