Les grands points de l'accord du 30 novembre
Ou du 1er décembre, sachant que les partenaires ne sont parvenus à l'accord qu'à 5 heures du matin. L'accord reprend les propositions de juillet en majorant les salaires (en moyenne de 6 % mais d'à peine 1 % au premier niveau de la grille) et ajoute une "prime TVA" égale à 2 % du salaire brut annuel et plafonnée à 400 euros. Une prime que perçoivent intégralement tous les salaires égaux ou supérieurs à 20 000 euros.
L'accord prévoit également l'octroi de deux jours fériés supplémentaires pour un total de 10 dans l'année, et l'instauration d'une mutuelle pour la profession à compter du 1er juillet 2010.
Des revendications exagérées...
Sans surprise, les syndicats de salariés en demandent plus que les employeurs ne veulent en accorder. Dès les commissions mixtes paritaires de mai, les syndicats de salariés présentaient des revendications impossibles à satisfaire pour les entreprises. Ils réclamaient notamment une hausse des minima conventionnels, la 6ème semaine de congés, deux jours fériés supplémentaires, le remboursement des frais de transport pour les salariés utilisant leur véhicule professionnel... Les organisations patronales avaient accepté une partie de ces revendications en juillet, accordant notamment une revalorisation de la grille des salaires, deux jours fériés dont un garanti et la mutuelle. CGT, FO et CFTC avaient fait valoir leur droit d'opposition, faisant échouer l'accord que la CGC et la CFDT avaient entériné.
...à un accord raisonnable
De retour à la table des négociations après cet échec, les syndicats de salariés étaient revenus avec des exigences qu'il serait encore plus difficile de satisfaire, à commencer par un 13 ème mois. Le recentrage autour d'une prime annuelle a donné un tournant plus viable aux négociations. Une exigence beaucoup plus raisonnable pour le collège patronal puisque sur la base de 20000 euros, la hausse représente 400 euros au lieu de 1 600 avec un 13ème mois.
Pour aboutir à un accord, les patrons ont dû concéder plus que la prime de 1 % sur le salaire avec un plafonnement à 200 euros sur l'année.
L'insatisfaction de trois syndicats de salariés
Les mêmes qu'en juillet. Denis Raguet, négociateur FO, n'a pas hésité à parler d'une «mascarade de négociation», reprochant aux accords d'être sensiblement identiques à ceux de juillet que CGT, FO et CFTC avaient rejeté. Pour ces trois syndicats, la revalorisation de la grille des salaires de 6 % est un trompe-l'oeil dans la mesure où il ne s'agit que d'une moyenne, alors que le bas de la grille bénéficie d'à peine 1 %. Pour eux, la prime annuelle doit profiter à tous les salariés, y compris les saisonniers. Après avoir renoncé au 13ème mois et à la 6ème semaine, ils en attendaient plus.
Le patronat divisé
Les secousses à l'intérieur des syndicats patronaux ne facilitent pas leur tâche dans les négociations. L'image de discorde, au Synhorcat et surtout à l'Umih, les dessert auprès de l'opinion comme des syndicats de salariés. Malgré une opposition interne qui prétend l'avoir destituée, Christine Pujol continue d'être reconnue par les pouvoirs Publics comme l'unique Présidente confédérale de son syndicat et seule habilitée à signer pour le compte de ce dernier.
Des points d'accord malgré tout
Si trois centrales salariales ont l'intentionn de faire jouer leur droit d'opposition, il faut remarquer que des les parties avaient trouvé une entente sur de nombreux points. Du moins sur les principes : mutuelle, revalorisation de la grille des salaires, jours fériés, valorisation des tutorat et des certificats de qualification professionnelle... Des conditions qui mériteraient que les partenaires se remettent à la table des négociations. Le Gouvernement leur a accordé un nouveau délai, au 15 décembre. Luc Chatel, porte-parole du Gouvernement, se veut optimiste tout en demandant implicitement aux patrons de faire un pas : « Sur les salaires, il faut aller plus loin », déclarait-il le lendemain de l'accord sur LCI. « La messe n'est pas dite et les négociations vont pouvoir continuer. »
Le risque d'un nouveau déficit d'image
Les média ont pris les restaurateurs indépendants pour cible à propos de la baisse des prix, avec des conséquences très défavorables à l'image de leur profession. Sans nul doute, les mêmes média trouveront que les hausses de salaires concédées sont insuffisantes et continueront de montrer les restaurateurs sous un jour noir. Ce sont les chaînes qui en profitent le mieux de cette désaffection. Elles tiennent le beau rôle, échappant aux critiques des média. Elles offrent des salaires de base plus élevés et depuis longtemps une mutuelle, tout en mettant la baisse des prix au service de leur marketing.