Grippe A Une vraie menace ?

Des conséquences économiques difficiles à anticiper

Loin de nous l'idée de nous substituer au corps médical pour tirer des conclusions sur la dangerosité du phénomène. Ce qui est sûr, c'est qu'une épidémie de grippe, si elle s'avérait mortelle, aurait des conséquences économiques extrêmement lourdes. Les économies reposent en effet sur la multiplicité des échanges régionaux et internationaux qui seraient fortement ralentis par le souci d'éviter la propagation du virus.

A plus forte raison, la fermeture des lieux publics qu'imposerait l'épidémie entraînerait un ralentissement de l'économie dont l'ampleur et la durée sont difficiles à prévoir. Fermeture des transports en commun, commerces ralentis ou fermés... Le Premier Ministre, M. Fillon, avait évoqué une « paralysie de l'économie?». Les CHR seraient au premier rang des entreprises touchées.

La contagion, pas l'hécatombe

Seulement voilà, la grippe A est annoncée depuis mai et on ne voit toujours pas venir l'épidémie dévastatrice. Mme Bachelot reconnaissait elle-même que le virus est « relativement peu sévère?» mais « extrêmement contaminant » (lors du Grand jury RTL/Le Monde du 20 septembre). Selon les estimations, le virus pourrait toucher 15 à 45 % de la population française. Les 103 000 cas de grippe recensés en France au début de l'automne, dont 80 % dus à la grippe porcine, ne sont certes pas à prendre à la légère. Mais il faut avouer que les mesures prises dans l'hypothèse de pandémie (94 millions de doses de vaccin commandées) reposent sur des hypothèses (« et si ça devenait grave ? ») Dans les cercles du pouvoir, on doute aussi. « Cette grippe n'est pas dangereuse. On s'est rendu compte qu'elle était peut-être même un peu moins dangereuse que la grippe saisonnière », clamait Bernard Debré, médecin et député UMP.

Les entreprises préparées ?

Le Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie recommande aux entreprises de préparer un plan de continuité de leur activité et de prendre des mesures d'hygiène, de protection des salariés sur leur lieu de travail. En outre, elles doivent informer sur les règles d'hygiène et les procédures à respecter. Les CHR, tout spécialement, doivent se renseigner auprès de leurs fournisseurs sur les mesures pour assurer les approvisionnements. D'autres pistes sont suggérées comme organiser la VAE, communiquer auprès de la clientèle.

Dans les grandes entreprises, les mesures anti-contagion ont souvent plus d'ampleur : suppression de réunions physiques au profit des visio-conférences, interdiction d'embrasser une collègue et de se serrer la main, consigne d'utiliser une solution hydro- alcoolique sur les mains plusieurs fois par jour... Du côté des petites entreprises, on paraît moins mobilisés voire un peu fatalistes.

Terreur organisée ?

Rappelons-nous la grippe aviaire, le chikungunya, la maladie de Kreuzfeld-Jacob qui devaient décimer la population planétaire. La grippe A est-elle un nouveau fléau virtuel dont les média se plaisent à entretenir la peur ? L'histoire ne repasse pas les plats et l'opinion s'en laisse de moins en moins conter ainsi qu'en témoigne un récent sondage CSA-Le Parisien montrant que 8 Français sur 10 ne craignent pas la grippe A.

On nous rétorquera que cette agitation résulte du principe de précaution auquel les média se plaisent à rappeler sans cesse le pouvoir politique. Toujours est-il que le nombre de cas mortels recensés dans le monde ne permet pas de parler d'une hécatombe. Dans le monde, le nombre de morts s'élèverait à 2 500 et en France, fin septembre, on dénombrait 30 décès dus à la grippe A, les victimes étant toujours des personnes très fragiles. Pour rappel, la grippe saisonnière cause chaque années 250 à 500 000 morts (source OMS).

L'occasion d'adopter de bonnes pratiques

S'il est permis de douter de la gravité du virus pour l'ensemble de la population, la peur qui s'est emparée de beaucoup de nos concitoyens aura peut-être le mérite de les rappeler à quel- ques pratiques élémentaires d'hygiène. Elle incite à se laver plus souvent les mains et à mieux éviter les comportements favorisant la transmission du virus. Souhaitons que l'on sache en tirer les conséquences face à l'épidémie de gastro-entérite qui ne manquera pas de frapper cet hiver encore.