Lancé à l'automne 2003, l'immense chantier du tramway devrait s'étaler sur trois ans (plus de 620 000 euros pour 300 000 m2 de surface couverte). Plus de 6 600 commerçants sont concernés. Parmi eux, les restaurateurs émettent une plainte commune : le flou inquiétant qui tient lieu de réponse à leurs questions individuelles. En dépit des campagnes d'opposition (mettant en avant les faillites vues à Strasbourg, Nantes, Lyon...), la plupart étaient pour la mise en place du tramway et «la valorisation des axes». «Le problème se portera sur les livraisons, mais nous sommes privilégiés - déclare-t-on chez André Coquillages de l'avenue Borriglione où le chantier n'a pas encore commencé - car nous bénéficions d'un accès arrière avec un espace pour se garer. D'autre part, notre clientèle de familiers plutôt âgés n'a pas l'habitude de se garer devant le restaurant. Elle ne devrait pas ressentir de difficultés supplémentaires, ni reculer devant les travaux du trottoir». «Cela sera plus agréable à terme, explique-t-on à la Brasserie Borriglione, mais je ne sais pas si les clients détournés reviendront. On peut faire un effort, mais à condition que le chantier ne s'éternise pas davantage et cela part mal sur les axes entamés !» Un avis encore plus sombre à La Tour de Pizz sur le boulevard Gorbella où le chantier a débuté : «Nous étions favorables, mais nous allons de réponses en réponses contradictoires. L'architecte nous avait certifié que nous n'aurions pas d'aire de livraison devant la terrasse, alors que les plans montrent le contraire avec une réduction de notre terrasse. Exit aussi la vente de pizzas à emporter. On nous a coupé les arbres, défoncé la voie, et maintenant les travaux sont arrêtés sans que l'on nous dise pourquoi. Tout cela est bien stressant !» Au Gorbella, on souffre du harcèlement des policiers municipaux : «Il n'y a pas de prévention, mais uniquement de la répression contre les clients qui se garent quelques minutes. Les patrouilles se relaient de 7 h du matin à la nuit, en moto, en scooter, à pied...Nous sommes pour le progrès quitte à faire quelques sacrifices, mais il n'y a pas de compréhension réciproque !» Si la CANCA a lancé un fonds de soutien à l'activité commerciale en demandant la présentation d'un dossier contenant le chiffre d'affaires et la preuve de la perte, il apparaît que l'indemnisation sera non seulement apportée après-coup, mais également réajustée en fonction de la «conjoncture», ce qui laisse les professionnels dubitatifs une fois de plus !
31 Mar 2004