L'année 2003 avait plutôt mal commencé : ralentissement économique, guerre en Irak, épidémie de pneumopathie atypique (Sras), marée noire du Prestige, grèves en mai et juin... Résultat : une baisse du tourisme au début de l'été. Selon les données de l'OMT (Observatoire Mondial du Tourisme), en juin-juillet 2003, le tourisme français aurait baissé de 25 à 30 %, notamment en raison d'une désaffection de la clientèle étrangère. Les Américains et les Japonais ont déserté Paris et la Côte d'Azur, tandis que les Allemands qui pâtissent de la crise économique dans leur pays sont moins nombreux.
Résultat : une tendance à la baisse dans le secteur CHD. De fait, selon les dernières données de l'Insee, au deuxième trimestre 2003, le chiffre d'affaires du secteur Cafés, Hôtels et restaurants a diminué de 3,3 % en volume, données CVS, par rapport au deuxième trimestre 2002 et de 1,4 % par rapport au premier trimestre 2003. En valeur, la baisse est moins marquée, ce qui laisse sous-entendre une nouvelle dérive des prix. Dans le même temps, le Bulletin d'informations légales enregistre un nombre non négligeable de liquidations judiciaires. Selon l'Insee, entre février et avril 2003, il y a eu 7,8 % de défaillances de CHR en plus, par rapport aux mêmes mois de l'année 2002. Mais parallèlement, le nombre de créations de CHR est important (+2,8 % selon l'Insee, en glissement annuel en août 2003). Une tendance en partie liée à l'évolution du chômage. Mais même dans l'ensemble du secteur, l'emploi salarié a eu tendance, malgré le fléchissement de l'activité (+ 0,7 % selon l'Insee au second trimestre et + 2 % en évolution annuelle). C'est moins bien que les années précédentes (en 2002, l'emploi salarié avait augmenté de 2,5 % et en 2001 de 3,1 % dans le secteur), mais l'évolution est quand même positive.
Dans les hôtels de tourisme, au second trimestre, le chiffre d'affaires a diminué, toujours selon l'Insee de 5,6 % en volume et de 2,4 % en valeur. Des données en accord avec celles de l'Observatoire de l'Hôtellerie Française du magazine CHD-L'Industrie Hôtelière. En effet, sur les 7 premiers mois de l'année 2003, le RevPar à diminué, par rapport au 7 premiers mois de l'année 2002, de 2,8 % dans l'hôtellerie indépendante et de 4,4 % dans l'hôtellerie intégrée. De même, dans les restaurants, l'activité s'est infléchie au premier semestre 2003. Selon l'Insee, au deuxième trimestre, le chiffre d'affaires a, par exemple, diminué de 3,3 % en volume et de 0,8 % en valeur, par rapport au deuxième trimestre 2002. Paradoxalement, l'évolution est meilleure pour les débits de boissons. Au second trimestre 2 003, ils réussissent à augmenter leur chiffre d'affaires de 0,8 % par rapport au deuxième trimestre 2002, mais cette évolution est uniquement liée à une augmentation des prix, puisque l'activité diminue de 2,1 % en volume.
Au mois d'août, la situation s'est rapprochée de la normale, même si la canicule record et les incendies du sud de la France ont créé des perturbations. Dans la région PACA, le nombre de touristes a, par exemple, diminué de 4,1 % en juillet-août 2003, par rapport à juillet-août 2002. Au total, le bilan de 2 003 n'est pas exceptionnel, mais l'année n'est pas encore finie. En effet, au second semestre, en France, l'activité pourrait légèrement se redresser, grâce à la reprise américaine. Mais au total, la croissance de notre pays pourrait ne pas dépasser 0,4 % en 2003 et 1,5 % en 2004. Une situation que les Français perçoivent. En effet, selon un sondage CSA réalisé au début septembre 2003, 62 % de nos compatriotes se disaient pessimistes sur l'évolution de la situation économique dans les six prochains mois, contre 36 % d'optimistes. Une évolution qui risque de peser sur la consommation des ménages et notamment sur leur dépense en restauration et en hôtellerie. Une façon de dire qu'aujour'd'hui plus qu'hier, la bonne santé du secteur café-hôtel-restaurant dépend de l'évolution du tourisme. Or les dernières prévisions de l'OMT tablent sur une stabilisation du tourisme autour de 76 millions en 2003. Nul doute, pour retrouver la croissance, le plan de relance du Comité Interministériel est plus nécessaire que jamais (voir notre article en page 50-51).